Amar Belhimer félicite Riyad d’exporter l’obscurantisme et applaudit ses crimes
Par Nabil D. – C’est dans les colonnes du journal saoudien Al-Riyadh que le ministre de la Communication a choisi de s’exprimer sur des questions internes à l’Algérie, tout en poussant des cris d’orfraie sur les financements supposés ou avérés des médias algériens par des officines étrangères. «Le royaume d’Arabie Saoudite n’a jamais hésité à prendre les décisions qui sont au service des peuples arabes et de la nation musulmane», s’est félicité l’ancien militant de gauche Amar Belhimer, dans un entretien relayé à large échelle par la presse gouvernementale.
Belhimer nage-t-il à contre-courant ou a-t-il été mandaté pour voler au secours d’un régime wahhabite au bord de la faillite, lâché de partout et menacé d’implosion ? On ne décèle aucun élément dans son interview au média de propagande des Al-Saoud qui puisse nous orienter vers l’une ou l’autre piste. Mais on voit clairement le virage à 180 degrés opéré par l’ancien militant progressiste qui érige désormais l’obscurantisme en doctrine «au service de la nation musulmane». Indirectement, et sans s’en rendre compte, Amar Belhimer remercie Riyad d’avoir exporté son idéologie moyenâgeuse en Algérie dans les années 1980 et 1990, une idéologie qui a donné naissance à un monstre dénommé FIS et qui a allumé le feu de la discorde en Algérie qui fera des dizaines de milliers de morts et fera faire au pays un bond en arrière d’au moins cinquante ans, selon des experts.
Amar Belhimer complimente les Al-Saoud au moment où l’affaire de l’assassinat de l’opposant Jamal Khashoggi vient d’être déterrée, après l’assassinat, il y a quelques jours, sur ordre de Mohamed Ben Salman, d’un membre d’une tribu qui a refusé de quitter ses terres que le régime de Riyad a voulu exploiter pour y ériger des projets lucratifs. Cet assassinat, qui n’a pas été médiatisé, contrairement à celui du correspondant du Washington Post décapité à l’intérieur d’un consulat à Istanbul, intervient à un moment délicat dans l’histoire de cette monarchie, marqué par les prémices d’une faillite d’un des pays le plus riches au monde.
En jetant des fleurs à l’Arabie Saoudite, le ministre de la Communication applaudit les horribles crimes contre l’humanité commis par les Al-Saoud au Yémen, n’épargnant pas même les enfants, et s’aligne sur Riyad dans ses projets expansionnistes en Syrie, en Libye et ailleurs dans la région où Mohamed Ben Salman et son acolyte émirati Mohamed Ben Zayed s’emploient à semer le chaos pour étendre leur influence.
Amar Belhimer parlait-il au nom de l’Etat ou ses propos n’engagent-ils que lui ? Cette dernière probabilité est difficilement concevable dès lors qu’il est le porte-parole officiel du gouvernement. A moins qu’il ait commis l’irréparable et que cet impair vienne s’ajouter à ses faux-pas qui accéléreront son éviction.
N. D.
Comment (86)