Abdelmadjid Tebboune provoque une crise éditoriale au quotidien El-Watan
Par Houari A. – Abdelmadjid Tebboune a provoqué une crise éditoriale inédite chez nos confrères d’El-Watan. La participation du directeur de cette publication, Tayeb Belghiche, qui a succédé à Omar Belhouchet il y a près d’une année, à la dernière entrevue organisée par les services de la Présidence, a soulevé une tempête aussi bien au sein du journal que parmi ses lecteurs qui ont dénoncé un alignement sur le pouvoir alors que le titre est connu pour son opposition farouche au régime et son soutien indéfectible au mouvement de contestation populaire.
Un des responsables et associés du journal, Ali Bahmane, a dû expliquer, dans un long article-plaidoyer, qu’El-Watan n’a pas viré sa cuti, en arguant que ceux qui accusent ce quotidien d’avoir «vendu son âme pour de la publicité publique» se trompent car la page orpheline dont bénéficie quotidiennement et depuis peu ce grand journal ne suffit même pas à couvrir le tiers des dépenses. Il est vrai qu’El-Watan, qui a vu sa rédaction se vider de plus en plus, était devenu une véritable institution, en s’assurant son autonomie grâce à l’acquisition de ses propres moyens d’impression et en érigeant un siège qui se dresse majestueusement sur les hauteurs de Kouba mais qui n’est pas occupé pour des raisons «techniques».
El-Watan a commencé à péricliter lorsque la crise économique a pointé et que les annonceurs privés se sont fait de plus en plus rares. La crise qui a frappé le journal de plein fouet a provoqué un conflit interne qui a fini par pousser l’ancien directeur vers la porte de sortie. Remplacé par un de ses associés, ce dernier ne semble pas faire l’unanimité, ni parmi les propriétaires du titre ni auprès des journalistes qui lui reprochent d’avoir dévié de la ligne éditoriale. Un de ces journalistes a été sommé de répondre à un questionnaire pour avoir exprimé son indignation sur sa page Facebook, suite à un article du directeur sur la dernière intervention d’Abdelmadjid Tebboune à laquelle Tayeb Belghiche, dont la présence à ce que d’aucuns qualifient de «show», a étonné plus d’un, a adjoint des adjectifs apologétiques pour décrire l’intervention d’un orateur pourtant sévèrement critiqué pour ses «dérapages verbaux», notamment envers les journalistes.
La crise, qui couvait à El-Watan et qui a été révélée au grand jour après cet écart de son directeur, pourrait accélérer le départ des quelques journalistes qui ont choisi de rester en son sein malgré les difficultés de plus en plus manifestes qui entravent l’exercice du métier.
H. A.
Comment (25)