Le Syndicat des magistrats dénonce «un dérapage inédit dans la justice»
Par Mounir Serraï – Le Syndicat national des magistrats (SNM) dénonce vivement la décision prise par le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, de reprendre les audiences au niveau des tribunaux et des cours pour toutes les affaires dont les avocats se sont déjà constitués.
Dans une déclaration signée par son président, Issad Mabrouk, le SNM parle d’un «dérapage inédit dans l’histoire de la justice algérienne» et interpelle le président de la République afin d’y mettre un terme. Le SNM se dit «surpris» par une telle décision «grave» qui met à nu encore une fois la gestion «unilatérale» du ministre de la Justice. Cette reprise immédiate des audiences civiles ordonnée aux juges pour uniquement les affaires dont les avocats sont constitués et sans la présence des concernés par les affaires est, pour le SNM, une «dérive» en ce sens que l’on traite pas tous les justiciables sur un pied d’égalité. Le SNM prévient contre les conséquences dangereuses d’une telle décision, notamment en ce qui concerne la santé des juges, des greffiers, des avocats et même des citoyens lors des audiences de réconciliation.
Le SNM estime également que la différenciation entre les affaires judiciaires sur la base de la constitution ou non des avocats ne correspond nullement au critère d’équité devant la justice. Elle est aussi contraire aux principes universitaires qui consacrent l’équité devant la justice sans la moindre discrimination.
Pour le SNM, cette décision du ministre de la Justice est contraire à la Constitution qui consacre l’équité dans le traitement de tous les justiciables. «La décision prise par le ministre de la Justice, avec le grand risque qu’elle comporte pour la santé et la sécurité des juges, employés et justiciables, confirme la gestion unilatérale d’un secteur souverain et sensible», estime le SNM qui conclut en appelant à nouveau le président de la République et le Premier ministre à intervenir d’urgence pour remédier à cette anomalie».
Le Syndicat des magistrats, faut-il le rappeler, a déjà vertement critiqué le ministre de la Justice et sa gestion du secteur en l’accusant de faire preuve de beaucoup d’autoritarisme.
M. S.
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