Affaire du fuel trafiqué : Paula Yacoubian accuse quinze responsables algériens
Par Nabil D. – La députée libanaise Paula Yacoubian est revenue sur la question du «fuel trafiqué» fourni par Sonatrach au Liban. Dans une nouvelle conférence de presse, l’ancienne journaliste a indiqué que dix députés ont adhéré à sa proposition de création d’une commission d’enquête parlementaire pour enquêter sur cette affaire. Selon elle, seul le Parlement «pourra tirer cette histoire au clair» car la justice libanaise est «politisée» et «dépendante». Aussi est-elle convaincue que le dossier du carburant «sera jeté aux oubliettes». Elle en veut pour preuve le fait que le contrat ait été renouvelé avec Sonatrach en dépit des soupçons de corruption.
«Que des employés qui ont avoué avoir touché des commissions ou des cadeaux aient bénéficié d’un non-lieu est la preuve que la justice [libanaise] n’assume pas ses responsabilités», a dénoncé la députée qui a salué les médias algériens qui ont fait écho à ses accusations, contrairement à la presse libanaise qui a passé l’affaire sous silence. «Mes révélations sur l’affaire Sonatrach ont été reprises en Algérie et pas au Liban, jusqu’à ce jour, les médias proches du pouvoir m’ont critiquée, certains ont même qualifié le Liban de paradis des corrompus», a-t-elle confié, tout en appelant «les Algériens à enquêter de leur côté sur les contrats de Sonatrach avec BVA et Shell» car, a-t-elle souligné, «ils sont victimes de vol exactement comme les Libanais».
«Les données qui sont en ma possession confirment de plus en plus que l’Algérie couvre BVA [qui] paye des commissions à quinze personnalités algériennes qui sont en contact direct avec la société», accuse Paula Yacoubian. Et de s’interroger : «Qui se cache derrière elles ? Qui bénéficie de cet argent ?» «Le carburant trafiqué n’est qu’une infime partie du contrat falsifié, le véritable problème réside dans ce contrat qui fait que les Libanais n’ont même pas le droit de vérifier les cargaisons qu’ils achètent», a-t-elle encore affirmé, en précisant que le bateau qui transporte ledit carburant «ne peut être contrôlé qu’au niveau du port de chargement, selon les dispositions contractuelles en vigueur». «Comment peut-on renouveler un tel contrat ?» s’est-elle demandée, en exigeant un dédommagement. «Nous nous y emploierons», a martelé la députée libanaise qui parle de «40 milliards de pertes».
«Ce dossier douteux doit être traité au Parlement par une commission d’enquête parlementaire ad hoc pour que ce problème ne soit pas dilué», a conclu Paula Yacoubian, selon laquelle «ce dossier est le plus frustrant, le plus onéreux et le plus dangereux pour la santé des Libanais».
Pour rappel, Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, d’après le porte-parole de la présidence de la République, Belaïd Mohand Saïd.
N. D.
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