Qui veut priver l’icône de la chanson amazighe Idir de son algérianité ?
Par Nabil D. – La sépulture provisoire du grand chanteur Idir au cimetière de Père-Lachaise à Paris est auréolée de l’unique emblème amazigh, alors que le drapeau de son pays, l’Algérie, y est absent. Les extrémistes qui ont décidé à la place du défunt que son origine algérienne ne devait pas être mise en valeur cherchent ainsi à priver l’interprète d’Avava Inouva de l’amour que lui vouent ses concitoyens à travers tout le territoire national.
«C’est une véritable séquestration que subit le chanteur adulé et respecté par tous les Algériens», dénoncent des citoyens qui refusent qu’un symbole de toute l’Algérie soit ainsi «exploité à des fins politiciennes». «Idir appartient à toute l’Algérie et il l’a démontré d’une façon indéniable lors de son concert à Alger qui a drainé des spectateurs des quatre coins du pays, venus admirer l’ambassadeur de la chanson moderne algérienne qui était opposé au régime comme les millions d’Algériens qui ont battu le pavé à travers toute l’Algérie, pendant plus d’une année, pour réclamer le changement de système», relèvent des sources qui appellent à un hommage national au chanteur mort en exil.
«Il n’est pas normal qu’une minorité constituée de fanatiques prenne ainsi en otage la dépouille d’une grande figure de la culture algérienne», s’insurgent ces sources, selon lesquelles «le peuple algérien tout entier a le droit de s’identifier à cet enfant prodige auquel l’Algérie a donné vie, natif d’une région qui a beaucoup donné à l’art, à la littérature, à la philosophie et à la théologie». «Idir aimait son pays par-dessus tout», insistent ces sources, qui rappellent que «si le défunt a milité pour la langue et la culture amazighes par la musique et la poésie depuis les bancs de l’université, à Alger, il faut néanmoins relever qu’il fait partie d’une constellation de chanteurs algériens qui se battent aussi pour la réhabilitation du fondement même de la nation algérienne, à savoir tamazight, désormais reconnue officiellement.»
Pour ces sources, «Idir, au même titre que Lounis Aït Menguellat, Matoub Lounès, Abranis, Ideflawen et bien d’autres, a consacré sa vie à maintenir la flamme amazighe allumée, préférant le verbe et la mélodie à l’action politique, sans que tous ces artistes de talent aient jamais été détachés des causes justes qu’ils ont exaltées, tamazight n’étant qu’une partie de leur combat par l’art musical et l’inspiration, preuve en est leur immense notoriété au-delà des frontières».
Idir a été enterré à Paris, mais sa dépouille devra être rapatriée pour être portée en terre auprès des siens dans son village natal. De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer le rapatriement des ossements de l’autre géant de la chanson engagée, Slimane Azem, dont la dernière volonté fut d’être inhumé en France tant les conditions politiques n’étaient pas réunies pour qu’il reposât en paix dans son Algérie qu’il a aimée «jusqu’à la mort».
N. D.
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