Crise économique et friction politique : vers la fin de Renault en Algérie ?
Par Kamel M. – La marque au losange est dans une situation de quasi-faillite. C’est le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, en personne qui l’a laissé entendre voici quelques semaines. Trois sites sont en voie d’être fermés et des milliers d’emplois seront supprimés pour tenter de sauver la boîte de la banqueroute. Le constructeur automobile français se trouve, par ailleurs, pris dans le tourbillon d’une sérieuse détérioration des relations entre Alger et Paris. Une brouille qui remonte, en fait, au début du soulèvement populaire pacifique en Algérie.
Plus que les autres concessionnaires automobiles, le groupe français Renault a bénéficié, outre des «indus avantages» pour lesquels au moins quatre hommes d’affaires sont en prison – Oulmi, Tahkout, Mazouz et Baïri –, d’une année de sursis durant laquelle la firme française avait le monopole absolu sur le montage et la commercialisation d’un modèle bas de gamme, la Dacia en l’occurrence. Mieux, les institutions et les entreprises publiques étaient enjointes de se fournir auprès du constructeur français dont l’usine d’Oued Tlilet est pourtant loin de remplir les conditions prescrites dans le cahier des charges qui impose un taux d’intégration minimum à court terme, taux qui n’a jamais été atteint à ce jour.
Or, non seulement l’investissement de Renault en Algérie est infime par rapport aux efforts qu’il a déployés dans le Maroc voisin où la production est six fois supérieure à celle d’Oued Tlilet, mais la marque française n’a montré aucune intention de monter en gamme et en cadence pour concourir à installer une véritable industrie automobile en Algérie.
Il était attendu que la déchéance de Bouteflika et les procès intentés aux hommes d’affaires accusés d’avoir profité de la loi pour s’enrichir illégalement en s’adonnant à une importation déguisée en montage automobile sonnent le glas de Renault en Algérie, d’autant qu’Abdelmadjid Tebboune ne s’est pas gêné de pointer du doigt le constructeur français dont le retour en Algérie en 2014 semble approcher à sa fin à grande vitesse.
Crise économique aggravée par la pandémie du Covid-19 et crispation politique entre l’Algérie et la France pousseront-elles Renault-Algérie à mettre la clé sous le paillasson ? Tout semble accréditer cette thèse.
K. M.
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