Malika Matoub : «Qu’aucun lieu ne porte le nom de mon frère est de l’intolérance»
Par Houari A. – La sœur du chantre de la chanson engagée d’expression amazighe, Matoub Lounès, a affirmé que le fait qu’aucun lieu en Algérie n’ait été baptisé au nom de son frère «est un signe d’intolérance». Malika Matoub, qui s’exprimait au micro de Berbère TV à l’occasion de la célébration du vingt-deuxième anniversaire de l’assassinat du chanteur par les groupes islamistes armés, le 25 juin 1998, trouve anormal que vingt-sept places en France portent le nom de l’artiste algérien, alors que les autorités officielles de son propre pays le renient. «Cela confirme qu’il n’y a pas de démocratie et qu’il y a beaucoup de choses à faire», a-t-elle dit.
«Beaucoup de gens se sont déplacés pour participer à la célébration de cet anniversaire et cela fait plaisir car cette célébration intervient dans le contexte du Covid-19», a affirmé Malika Matoub. «A Toulouse, une rue a été baptisée au nom de Matoub Lounès en plein confinement», a-t-elle indiqué, en soulignant que «cela signifie que l’œuvre de Matoub Lounès dépasse les frontières et que le mérite de son engagement, sa musique et sa poésie sont reconnus [partout]».
Interrogée sur l’état de santé de la très estimée mère du chanteur, aujourd’hui âgée de 89 ans, Malika Matoub a affirmé que bien qu’amoindrie elle n’est pas grabataire et est toujours lucide. Bloquée en France pour cause de crise sanitaire mondiale, Malika Matoub a confié qu’elle aurait préféré être présente en Algérie. «On a beau pouvoir organiser ces cérémonies en France, mais l’essentiel est dans mon pays et si je pouvais y être vous ne m’auriez pas trouvé ici», a-t-elle regretté. «Cela fait mal au cœur, mais je suis consolée par les vidéos que les animateurs de la Fondation Matoub me font parvenir à partir d’Algérie», a-t-elle ajouté.
Commentant le décès, il y a quarante jours, d’une autre sommité de la chanson kabyle, Malika Matoub a affirmé qu’elle considérait Idir comme son propre frère. «Lounès Matoub l’appelait l’ambassadeur et c’est effectivement l’ambassadeur de la chanson kabyle qui est parti», a-t-elle dit, en révélant qu’une chanson que Matoub Lounès avait composée avant sa mort en hommage à Idir et qui avait été retirée de son tout dernier album serait sans doute présentée au grand public vingt-deux ans après sa disparition. «Il y a un travail qui est en train d’être fait et je suis sûre que le public aura une grande surprise», a-t-elle promis, en expliquant qu’un grand artiste en Algérie allait chanter des œuvres inédites de Matoub Lounès, sans en révéler le nom.
H. A.
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