Le roi de Belgique demande pardon aux Congolais : Macron le suivra-t-il ?
Par Karim B. – Au moment où l’Algérie peine à récupérer les archives de la Guerre de libération nationale et les crânes de ses résistants entreposés au Musée de l’Homme à Paris, le roi de Belgique adresse une lettre émouvante au président du Congo pour lui exprimer les regrets de son pays pour les affres du colonialisme. Dans sa missive à Félix Tschisekedi, ce mardi, le roi Philippe écrit : «Pour renforcer davantage nos liens et développer une amitié encore plus féconde, il faut pouvoir se parler de notre longue histoire commune en toute vérité et en toute sérénité. Notre histoire est faite de réalisations communes mais a aussi connu des épisodes douloureux.»
«A l’époque de l’Etat indépendant du Congo, des actes de violence et de cruauté ont été commis qui pèsent encore sur notre mémoire collective», a-t-il souligné en ajoutant que «la période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations», avant d’exprimer ses «plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés».
«Je continuerai à combattre toutes les formes de racisme. J’encourage la réflexion qui est entamée par notre Parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée», a encore précisé le roi Philippe, pour lequel «les défis mondiaux demandent que nous regardions vers l’avenir dans un esprit de coopération et de respect mutuel». «Le combat pour la dignité humaine et pour le développement durable requiert d’unir nos forces. C’est cette ambition que je formule pour nos deux pays et pour nos deux continents, africain et européen», a-t-il insisté.
Cette lettre lourde de sens que le roi de Belgique vient d’adresser au président du Congo encouragera-t-elle le Président français à œuvrer à tourner la page du passé colonial de la France en Algérie pour pouvoir envisager une relation plus sereine et moins tumultueuse entre l’ancienne puissance coloniale et l’ancienne colonie ? Les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont eu deux entretiens téléphoniques pour tenter de transcender les différends qui ont commencé au lendemain de la déchéance de l’ex-président Bouteflika en avril 2019. Depuis, un froid s’est abattu sur les rapports entre Alger et Paris, accusé de s’immiscer dans les affaires internes de l’Algérie et de chercher à déstabiliser le pays.
La venue prochaine d’un nouvel ambassadeur, marié à une Algérienne, est censée aider à revenir à une certaine normalité dans les relations entre les deux pays, estiment des observateurs, qui excluent toutefois une «repentance» de la France à court terme pour ses nombreux crimes commis durant la colonisation.
K. B.
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