France : Macron accusé de mener un plan de sauvetage de son système déclinant
Par Mrizek Sahraoui – Le remaniement ministériel qui devait être l’amorce d’une deuxième phase plus fructueuse d’un quinquennat cauchemardesque, a tourné à la discorde et aux chicayas venant d’élus de la majorité s’étant crus ministrables. Mais aussi de la société civile protestant contre la présence au gouvernement de Gérald Darmanin, le nouveau ministre de l’Intérieur, accusé de viol, et de l’avocat Eric Dupond-Moretti, nommé ministre de la Justice, garde des Sceaux, très critique, lui, envers les mouvements féministes.
C’était prévisible. Car d’aucuns ont alerté sur les intentions du président français qui, au lieu de mettre toute son énergie à trouver des solutions à la pire crise qui s’annonce, n’a de cesse, l’accuse-t-on, de peaufiner sa stratégie de sauvetage du macronisme déclinant à mesure que le temps passe, éludant ainsi le message envoyé lors des municipales, tournant carrément le dos à l’écologie, bien qu’un temps fou ait été consacré par un panel de citoyens férus de la nature à préparer une Convention pour le climat contenant 146 propositions sitôt rendue publique, aussi vite renvoyée aux calendes grecques.
Alors que l’OCDE annonce des chiffres alarmants pour la France, obérée par une dette publique caracolant à 120% du PIB – la France pourrait connaître en 2020 la pire récession du monde à cause de la crise sanitaire due au Covid-19, selon l’organisation – et, au lieu d’un «gouvernement de guerre» pour faire face aux défis de l’heure et aux déficits qui filent à toute allure, Emmanuel Macron, en nommant des personnalités clivantes, les nouveaux «mormons» ou les «néo-même-pas-peur» en marche pour le second mandat, moquent certains commentateurs, le Président, donc, a «déclaré la guerre à la magistrature», a affirmé Céline Parisot, la présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM).
A l’indignation des magistrats s’ajoutent la protestation des mouvements féministes qui ont organisé des manifestations dans plusieurs grandes villes et le probable mascaret populaire qui ne manquerait pas de ressurgir si le nouveau gouvernement venait à rouvrir le dossier à haut risque des retraites sur lequel le nouveau Premier ministre veut une avancée dès cet été.
Ce sont des situations qu’Emmanuel Macron adore affronter, explique son entourage, sans donner de détails. Incompréhensible. Mais se pourrait-il que ce soit la tactique qui fait du pyromane le pompier ?
A coup sûr, vu les expériences passées.
M. S.
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