Débat sur la frontière algéro-marocaine : argument massue contre fantaisie
Par Kamel M. – Le sujet de la frontière terrestre fermée par l’Algérie en 1994 continue de hanter les Marocains qui tentent vaille que vaille de convaincre, par tous les moyens possibles et imaginaires, les Algériens de la nécessité de la rouvrir «dans l’intérêt des deux pays». Loin de désespérer de pouvoir persuader l’opinion publique algérienne que le problème vient des «généraux d’Alger», les Marocains multiplient les manœuvres pour «prouver» que le litige est le fait de l’Algérie et que le Maroc «n’a rien à se reprocher».
C’est pour démonter ce mensonge que le journaliste algérien établi à Londres Saïd Bensedira a accepté de se prêter à une confrontation avec des «confrères» marocains particulièrement remontés contre l’Algérie qui refuse de céder au chant des sirènes malgré les appels du pied récurrents de Mohammed VI. C’est par un discours lénifiant à l’égard du voisin de l’Est, tantôt «frère», tantôt «ennemi», que l’émission diffusée sur les réseaux sociaux a été entamée pour orienter le débat dès l’abord. On y entend le roi du Maroc brosser dans le sens du poil, invitant l’Algérie à tourner la page d’un passé tumultueux et à en ouvrir une nouvelle tournée vers l’avenir.
Mais les débatteurs marocains perdent vite leur calme face aux arguments irréfragables d’un Saïd Bensedira et à ses rappels confondants au sujet des entreprises hostiles du Makhzen à l’égard de l’Algérie, notamment durant la décennie noire. Le journaliste algérien a rafraîchi la mémoire de ses contradicteurs en expliquant la raison qui a poussé les autorités algériennes à fermer la frontière, après que le roi Hassan II avait accusé l’Algérie d’être derrière l’attentat terroriste de Marrakech et décidé d’imposer le visa aux ressortissants algériens. Touchés dans leur dignité, ces derniers ont répondu non seulement par l’application de la règle de réciprocité mais en interdisant aux Marocains de fouler le sol algérien par les voies terrestres.
Saïd Bensedira a également rappelé la complicité du Makhzen avec le GIA dont le chef a trouvé refuge au Maroc. Les services secrets algériens avaient retrouvé sa trace et le ministre de la Défense nationale avait exigé qu’il fût remis à l’Algérie. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Basri, avait, dans un premier temps, nié la présence du chef terroriste sur le territoire marocain, avant de reconnaître, acculé qu’il fut par son interlocuteur algérien qui l’informait que «l’hôte» avait été repéré par les services des renseignements algériens qui scrutaient ses moindres mouvements. Abdelhak Layada sera, alors, remis aux autorités algériennes sous la contrainte.
Les intervenants marocains ont, quant eux, repris la même antienne distillée par le Makhzen, ses services et ses relais médiatiques, répétant à tue-tête, à défaut de raisonnement logique et dépassionné, que le mal, tout le mal, vient de l’Algérie et que le Maroc est l’Olympe que le monde entier jalouse.
K. M.
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