Sa croissance chute à -3,9% : l’Algérie est en récession économique
Par Mounir Serraï – La croissance économique de l’Algérie est pour la première fois négative. Elle est à -3,9% au premier trimestre 2020. Elle était à la même période de 2019 à +1,3%. Les chiffres publiés aujourd’hui par l’Office national des statistiques (ONS) confirment ainsi ce qui était redouté depuis un moment : l’Algérie est officiellement en récession économique. Si rien n’est fait pour redresser rapidement la barre, le pays traverserait une situation bien pire que celle vécue à la fin des années 1980 et durant le début des années 1990.
L’ONS précise dans son rapport que cette baisse prévisible en raison de la crise économique persistante depuis 2014 a été aggravée par la crise sanitaire mondiale et le repli considérable du prix du pétrole. Même le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a considérable baissé, passant ainsi de +3,6% au premier trimestre de 2019 à -1,5% l’année en cours. L’accroissement négatif a touché de nombreux secteurs. Mais les plus affectés sont les hydrocarbures, les transports et communications, le commerce, les services fournis aux entreprises et aux ménages, les hôtels-cafés-restaurants et l’immobilier.
Et comme la pandémie du coronavirus semble continuer à affecter l’économie mondiale pendant un moment et, par ricochet, le marché pétrolier, l’Algérie, qui vit de ses réserves depuis maintenant six ans, aurait du mal à se relever. En permettant de rendre publics ces chiffres négatifs sur la croissance, les hautes autorités semblent vouloir jouer la carte de la franchise avec les Algériens en ces temps de vaches maigres.
Sans une véritable politique économique centrée sur l’outil de production et la création de richesses à travers la libération totale de l’acte d’investir, l’Algérie ne va pas s’en sortir. Il faut bien une stratégie économique urgente, comme l’expliquent de nombreux économistes, qui mettra de côté les considérations politiques et créer, ainsi, un climat d’affaires propice à l’investissement et à la création d’entreprise, loin des comportements décourageants, voire destructeurs des efforts des opérateurs et des entrepreneurs.
L’acte d’investir, comme le revendiquent tous les opérateurs économiques algériens, doit être régi par des textes de loi et non par les hommes afin de mettre un terme à la subjectivité, la bureaucratie, le clientélisme, la corruption et toute gestion susceptible de casser des dynamiques et de bloquer le développement de secteurs entiers.
M. S.
Comment (12)