Pourquoi l’Etat doit mettre un terme à la gestion politicienne de l’investissement
Par Mounir Serraï – Le gouvernement va réunir les organisations patronales et la centrale syndicale pour livrer sa nouvelle vision pour la relance économique. Le défi est majeur. «Ce n’est pas une rencontre tripartite comme celles organisées dans le passé, mais une véritable concertation qui permettra au gouvernement d’écouter et d’échanger avec les autres partenaires sociaux. Ces derniers seront invités aussi à prendre connaissance des attentes et objectifs de l’Exécutif en matière de développement socio-économique», a affirmé le ministre de l’industrie. Mais quelle stratégie pour remettre sur les rails une économie exsangue, triplement impactée par la chute des prix du pétrole, la pandémie du Covid-19 et le contexte politique instable, marqué par des poursuites massives et anarchiques contre de nombreux hommes d’affaires ?
La relance économique ne peut se faire en un claquement de doigts. La situation économique est très critique. La majorité des secteurs d’activité sont en difficulté. Le secteur industriel est sinistré. Le pays reste otage d’une gestion archaïque et subjective qui ne tient nullement compte ni de l’investissement ni de la plus-value qu’il peut générer pour le pays. Cette gestion clientéliste a fait beaucoup de victimes. Ces deux dernières années, certaines entreprises ont été fermées pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’économie. Ailleurs, dans les pays développés, on ne ferme pas une entreprise, sauf si elle dépose bilan. Se débarrasser de cette gestion clientéliste de l’économie constitue, aux yeux de nombreux spécialistes, un premier pas pour la création des conditions nécessaires à la relance de l’appareil productif.
Aujourd’hui, l’Algérie dispose de très peu d’entreprises de production. Il est donc temps de libérer l’investissement à travers des textes de loi «standarisés » et des règles fixes et transparentes que l’humain ne peut ni manipuler ni changer, selon son gré. Laisser les gens investir en toute liberté va assurément libérer les initiatives et faire éclore le génie créatif de nombreux Algériens.
Aussi faut-il réduire et simplifier la création d’entreprises et laisser les banques accomplir l’activité pour laquelle elles ont été créées, à savoir financer les projets d’investissement. Il s’agit donc d’un impératif changement de cap pour qu’il y ait de véritables plans de relance basés sur la productivité et la créativité et non pas des plans de développement basés sur les dépenses publiques ou liés à l’assistance de l’Etat.
Plus que jamais dépendante des hydrocarbures dont les réserves sont en déclin, l’Algérie est contrainte de faire son renouveau économique si elle veut maintenir sa stabilité. Face aux grandes mutations et le dynamisme que connaît aujourd’hui le monde, le temps est bien compté. Le gouvernement doit impérativement mettre un terme à la gestion politicienne de l’investissement et cesser de jouer le rôle de distributeur de la rente. Il doit revenir à son rôle central de régulateur afin qu’il puisse faire démarrer la machine économique, grippée depuis plusieurs décennies. Les règles doivent être les mêmes pour tous afin d’encourager la création, notamment des petite et moyenne entreprises. Y a-t-il une réelle volonté d’aller dans ce sens ? On le saura bientôt.
M. S.
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