Première fissure dans le projet de normalisation entre Israël et les Emirats
Par Mohamed K. – Les services de sécurité israéliens ne sont pas «tout à fait» d’accord avec l’annonce faite par le président américain, Donald Trump, sur l’imminence de la signature d’un pacte entre Israël et les Emirats arabes unis. Point d’achoppement : la supériorité militaire de l’Etat hébreu dans la région à laquelle l’armée israélienne tient mordicus et sur laquelle elle ne compte pas céder un pouce de terrain.
Selon les médias israéliens, les responsables sécuritaires israéliens n’auraient pas été consultés par Benyamin Netanyahu sur l’accord qu’il concoctait «en douce» avec Donald Trump et Mohamed Ben Zayed. Les inquiétudes des services de sécurité israéliens sont d’autant plus profondes que l’accord en cours de signature entre Tel-Aviv et Abu Dhabi contiendrait une clause permettant à l’armée émiratie de bénéficier des technologies militaires américaines de pointe et d’acquérir, notamment, des chasseurs de type F35, un avion de la toute dernière génération jusque-là réservé au seul allié stratégique de Washington : Israël.
L’institution militaire israélienne affirme ne pas avoir été associée à cette entente entre les Etats-Unis et les Emirats arabes unis et accuse indirectement le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, d’avoir «mis en péril» la suprématie de l’entité sioniste en matière d’armement face un pays arabe, membre du Conseil de coopération du Golfe et de la Ligue des Etats arabes. Selon les médias israéliens, qui citent des sources sécuritaires, les annonces faites par Trump, Netanyahu et Ben Zayed ont «surpris» le ministre de la Sécurité qui a été «écarté» des discussions secrètes qui se sont déroulées à son insu.
La normalisation entre Israël et les Emirats arabes unis divise en Israël, contrairement à l’unanimité de façade que Benyamin Netanyahu a voulu montrer après la déclaration faite par Donald Trump à partir de la Maison-Blanche, semblant ainsi avoir pris les deux parties concernées de court. Donald Trump était pressé de rendre public ce qu’il pense être un «accord historique» acquis, car il avait besoin de marquer des points face à son rival démocrate à l’élection présidentielle, Joe Biden, qui avance à grands pas vers le Bureau ovale.
Or, la proclamation précipitée du traité quinze jours avant sa signature par les parties concernées a donné lieu, d’un côté, à une série d’autres annonces dans le même sillage, certaines étant démenties, notamment par le Soudan et, de l’autre, à une levée de boucliers dans plusieurs pays arabes, notamment en Algérie et au Koweït où des actions de dénonciation de ce qui est qualifié de «trahison de la cause palestinienne» battent leur plein.
Tout n’est pas réglé dans cette affaire de normalisation entre Tel-Aviv et Abu Dhabi, voulue par Netanyahu et Ben Zayed et parrainée par Trump. Mais ce fait accompli risque, finalement, de faire capot.
M. K.
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