Abdelmadjid Attar : «Chakib Khelil m’a sanctionné en 2001 à cause d’un article»
Par Mohamed K. – Le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, a révélé que Chakib Khelil l’a sanctionné pour avoir critiqué la feuille de route qu’il avait élaborée lorsqu’il était à la tête du département. «Chakib Khelil m’a sanctionné en 2001 parce que j’ai critiqué, dans un article de presse, la politique énergétique qu’il voulait mettre en place et qui livrait les richesses du pays aux étrangers», a-t-il déclaré dans un entretien accordé au Soir d’Algérie. «Heureusement que Bouteflika a modifié la loi en 2005», a-t-il ajouté, en précisant que «malgré cela, elle est restée très négative» et «n’a, d’ailleurs, rien rapporté» au pays.
«Je n’étais pas d’accord pour que la nouvelle loi (la loi actuelle, ndlr) fût votée, elle n’est pas négative mais elle est à améliorer, nous allons essayer de rattraper cela avec les textes d’application et l’action sur le terrain», a souligné Abdelmadjid Attar, en estimant qu’«il faut lutter contre la bureaucratie» et «faire preuve de transparence vis-à-vis des partenaires».
Le ministre de l’Energie décrit un secteur «dégradé du point de vue de l’efficacité et des réserves» et relève que «la pression sur le secteur a augmenté», en soulignant que le fait qu’il «fasse vivre le pays est un problème». «Dans les années 1990 et avant, c’était toujours 90 à 95% de rente pétrolière ; en 2020, c’est toujours pareil, si ce n’est pas pire», a-t-il fait remarquer. Il a précisé que le baril est autour de 46 dollars, «ce qui est une bonne performance par rapport au mois passé et à la conjoncture mondiale». «Nous avons gagné pratiquement 2,5 dollars au cours du mois de juillet, grâce aux efforts de l’Opep, il faut le reconnaître, dont celui plus particulièrement de l’Arabie Saoudite et de la Russie qui ont fait un effort extraordinaire en réduisant la plus grosse part», a confié Abdelmadjid Attar.
«Si le prix actuel se maintient, a-t-il dit, on terminera l’année avec une moyenne supérieure à 42 ou 43 dollars le baril, cela va permettre d’équilibrer le budget qui a été prévu à 30 dollars le baril.» «Mais, a-t-il indiqué, en réalité, l’Algérie a besoin d’un baril à 60 dollars au minimum sur une période de deux ans au moins, avec tous les efforts qui doivent être faits, par ailleurs, dans les domaines de l’agriculture, de l’investissement et de l’énergie pour la production de valeur, la création d’emploi, etc.», a précisé le ministre, selon lequel «la rente doit baisser de 20%» pour «sauver le pays».
Abdelmadjid Attar a également révélé que la loi sur les hydrocarbures a été votée il y a plusieurs mois, mais les 43 textes d’application ne sont toujours pas prêts. «Ce retard est une tare, puisqu’au moins les grandes lignes de ces textes doivent être préparées en même temps que la loi pour pouvoir les mettre à jour dans les deux mois au maximum qui suivent l’adoption de ladite loi. Or, cela fait dix mois que la loi est passée et aucun texte n’est prêt», a-t-il déploré, en affirmant qu’«une quinzaine de textes seront prêts ce début de septembre, quinze autres au courant du mois d’octobre et le reste d’ici la fin de l’année».
Abordant la question des énergies non conventionnelles, le ministre de l’Energie a estimé qu’«on fabule trop sur le gaz de schiste», expliquant que «la sécurité énergétique est la préoccupation principale de tous les pays» et que celle-ci «consiste à disposer de l’énergie nécessaire au développement». «L’Algérie dispose de 2,7 milliards de tonnes d’hydrocarbures liquides et de 2 500 milliards de mètres cubes de gaz, mais ce n’est pas suffisant», a-t-il fait savoir, en notant que le gaz de schiste «n’est pas une rente mais un appoint pour la sécurité énergétique au-delà de dix ans».
Au sujet des stations de dessalement, Abdelmadjid Attar a révélé qu’en 2002, alors qu’il était ministre des Ressources en eau, il avait demandé que le projet lui soit rattaché, mais qu’il lui a été répondu que son département ne disposait pas d’assez de cadres et d’argent pour pouvoir en avoir la charge et qu’il fallait donc le confier à Sonatrach. Il n’en dira pas plus.
M. K.
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