Projection du film Sœurs à Angoulême : l’apport financier de l’Algérie zappé
Par Nabil D. – Le nom du Centre algérien de développement du cinéma (CADC) ne figure nulle part dans le synopsis du film Sœurs, programmé au prochain Festival du film francophone d’Angoulême, en France. Le long-métrage a pourtant été produit grâce à ce centre qui a assuré un soutien financier à la réalisatrice, Yamina Benguigui. «Yamina Benguigui et Isabelle Adjani avaient carte blanche en Algérie et toutes les portes leur étaient ouvertes partout où elles se rendaient», indique une source proche du dossier à Algeriepatriotique.
Le CADC, «chargé du développement commercial, industriel et artistique de la cinématographie algérienne et de sa promotion à travers la production et la coproduction des films, la valorisation de l’image cinématographique algérienne en Algérie et à l’étranger, la récupération et la préservation des droits sur les films et les archives cinématographiques ainsi que la valorisation et la promotion des films à caractère culturel», a déboursé neuf milliards de centimes pour un film qui ne porte pas son nom.
«Bien qu’ayant contribué à la réalisation du film Sœurs, son nom a été occulté et l’Algérie s’en trouve encore une fois arnaquée», s’indigne notre source. Le film a été produit par Bandits Cinéma et Elemiah – cette dernière société appartenant à Yamina Benguigui – et distribué par Studio Canal et Jour2Fête.
Les médias français avaient réservé les gros titres au tournage de Sœurs, en mettant en avant le fait que «l’actrice française Isabelle Adjani» allait «tourner son premier film en Algérie, le pays natal de son père, sous la direction de Yamina Benguigui». «Pour la première fois, Isabelle va tourner en Algérie, dans un rôle d’Algérienne. Ce sera un film de femmes, uniquement avec des femmes. Il questionnera le rapport au pays d’origine et au pays d’accueil, l’enracinement, l’intégration», avait expliqué la réalisatrice, ancienne ministre française de la Francophonie.
Le tournage du film a commencé fin octobre 2018 et a duré onze semaines. Il a eu lieu entre Alger, Oran et Constantine, puis à Paris et dans le nord de la France.
Si le choix s’est porté sur Isabelle Adjani, c’est parce que «pour les Algériens, Isabelle représente la femme algérienne qui a réussi et qui a assumé ses origines. Elle leur appartient, estime la réalisatrice, elle-même d’origine algérienne», commentait Le Parisien qui rappelait qu’Isabelle Adjani «avait débuté le tournage dans la capitale algérienne du film Parfums d’Alger de Rachid Benhadj en 2010, mais elle avait quitté le plateau au bout de quelques jours à la suite d’un désaccord avec le cinéaste».
Les critiques cinéma algériens avaient révélé, plusieurs mois avant le début du tournage, que Yamina Benguigui avait «fait pression sur les responsables algériens pour faire accepter le scénario et obtenir le financement», alors que la production était «essentiellement concentrée en France».
N. D.
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