Que reproche-t-on donc à Jil Jadid ?
Par Abdelaziz Ghedia – Un ami virtuel, ex-responsable au FFS, semble toujours tenir à la «constituante» comme à la prunelle de ses yeux. Il vit en France où il enseigne le droit dans une faculté des beaux-arts. Il n’a pas remis les pieds en Algérie depuis… 1975 – selon ses dires. La raison ? Insoumission au Service national parce qu’il a toujours été «allergique aux Ray Ban des généraux algériens» –, toujours selon ses dires. Depuis le début du Hirak, au mois de février 2019, il ne cesse de critiquer et de vilipender les «danseurs et les youyouteurs des vendredis après-midi».
On a beau lui expliquer que ce mouvement révolutionnaire s’est d’emblée inscrit dans une lutte pacifique, il ne veut rien savoir. Pour lui, il n’y a de vraie révolution que celle qui se mène par le fil de l’épée comme nous le répétaient à satiété, jadis, les tangos. Pour lui, nous avons lamentablement échoué, nous avons raté notre révolution parce que les «généraux sont toujours au pouvoir». Or, dans la réalité algérienne d’aujourd’hui, une telle assertion n’a aucun sens.
Le régime bouteflikien, contre lequel sont sortis des millions d’Algériens, toutes classes sociales confondues, dans des manifestations grandioses, est bel et bien tombé. Beaucoup de ceux qui le représentaient se trouvent actuellement entre quatre murs, à El-Harrach, Lambèse ou ailleurs. Pour certains, il ne s’agirait que d’un règlement de comptes entre clans au pouvoir, dont l’objectif essentiel est de sauvegarder le système. Pour d’autres, tant que ce système perdure encore, le risque de voir le clan se reconstituer de nouveau est à prendre très au sérieux et il ne faut donc pas lâcher prise.
Pour ceux-là – et ils sont, de notre point de vue, de moins en moins nombreux –, il est impératif que le Hirak reprenne pour donner un nouveau souffle à la révolution inachevée. Mais on s’en fiche éperdument ! L’essentiel pour la grande majorité des Algériens, c’est que ces corrompus, ces gens qui ont pillé le pays, ces gens dont le Hirak réclamait la tête, n’ont plus de pouvoir de nuisance. Reste que les formations politiques dont ils se réclamaient, ces gens-là, et qui avaient soutenu tous les mandats présidentiels de l’ancien régime doivent être soit écartées de toute activité politique, soit carrément mises au musée comme le recommande le parti Jil Jadid.
Aujourd’hui, le pays a besoin de se reconstruire sur des bases solides et saines. Ce à quoi s’attelle le parti Jil Jadid, conscient du fait qu’il y a bien une différence entre régime et Etat, d’une part, et entre compromis et compromission, d’autre part. En formant ses propositions pour la nouvelle Constitution, Jil Jadid ne transgresse en rien ni les lois de la nature ni celles que devrait s’imposer le Hirak.
Nous ne comprenons donc pas les reproches qui lui sont faits sur les réseaux sociaux, particulièrement venant de ceux qui sont censés savoir que la «politique est l’art du possible».
A. G.
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