Les révélations de l’ancien député Tliba plaident pour la dissolution du FLN
Par Mounir Serraï – Tête de liste pour la députation à 7 milliards de centimes, commerce de candidatures, achats des voix… les révélations de Baha-Eddine Tliba, de Djamel Ould-Abbès et de l’un de ses enfants devant le juge renseignent ainsi sur l’usage massif de la «chkara» (argent sale) au sein du parti FLN. Un usage maintes fois dénoncé par des ex-responsables du parti, certes parfois par esprit de revanche. Cette pratique, interdite par la loi, a également fait l’objet de nombreuses dénonciations de formations politiques. Ce qui devait être une exception s’avère ainsi la règle au parti FLN.
Il est bien clair aujourd’hui que l’usage de l’argent pour l’achat des places de candidature sur les listes de ce parti est une pratique courante, de l’aveu même de ses responsables. Cette généralisation de la corruption est encore plus grave pour un parti qui se confond avec l’Etat et qui se revendique de la lignée historique des vaillants chouhada et moudjahidine qui se sont sacrifiés pour le recouvrement de l’indépendance du pays.
Il n’y a pas seulement dans les révélations de Tliba et ses co-prévenus des aveux de corruption à grande échelle mais aussi des signes de recyclage et de blanchiment de l’argent sale. Sinon, comment expliquer ces enchères sur les têtes de listes qui ont atteint 7 milliards de centimes ? Pourquoi débourser 7 milliards de centimes pour un mandat de député qui ne rapportera pas plus de 1,8 milliard de centimes en 5 années d’exercice si ce n’est une volonté d’échapper à quelque chose ou de se refaire une virginité ?
Cette course effrénée à la députation à coups de milliards révèle aussi la nature du fonctionnement du parti FLN qui, grâce à l’appui illimité du pouvoir et de sa machine administrative, s’assure le contrôle de la majorité des APC, des APW et la majorité des sièges de l’APN. Ces révélations remettent ainsi sur la table le débat sur l’impératif de faire changer de sigle au FLN ou carrément sa dissolution.
Des personnalités et d’anciennes grandes figures historiques ont déjà plaidé par le passé pour la dissolution du FLN ou tout au moins le changement de sa dénomination afin que le sigle soit préservé comme un patrimoine historique. On se souvient encore de l’appel lancé par le groupe des «19», composé, entre autres, de Zohra Drif Bitat, des anciens condamnés à mort Mohamed Lamkami et Abdelkader Guerroudj mais aussi de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune.
L’Organisation nationale des moudjahidine a, elle aussi, appelé le FLN à changer de dénomination. Tout récemment, c’est le président de Jil Jadid qui a appelé le président de la République à retirer le FLN de tout usage politique et de le conserver comme patrimoine historique.
Cette revendication, qui est aussi celle d’autres partis et personnalités politiques, va-t-elle être concrétisée afin, comme le souhaitent de nombreux Algériens, réaliser une véritable rupture avec l’ancien système ?
M. S.
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