Slimane Zeghidour sur l’affaire Drareni : «La situation en Algérie est paradoxale»
Par Houari A. – L’éditorialiste franco-algérien Slimane Zeghidour est intervenu sur la chaîne française TV5 pour commenter la situation de Khaled Drareni, actuellement sous les verrous. «La mobilisation en faveur du journaliste emprisonné Khaled Drareni est inédite depuis l’indépendance», a-t-il affirmé en soulignant que «non seulement cette situation est inédite dans le milieu du journalisme, mais Khaled Drareni bénéficie d’une pétition signée par huit vétérans de la Guerre d’indépendance, qui sont une caution morale pour toute la population, et par plus de trois cents journalistes, sans parler du soutien international qui ne cesse de s’étendre et de s’étoffer».
«Au point, a précisé Slimane Zeghidour, qu’on se pose la question de savoir si les décideurs algériens réalisent à quel point ce spectacle de journalistes qui manifestent, ces jugements contre Khaled [Drareni] et ses compagnons contredisent et contrarient les discours du gouvernement algérien qui veut convaincre l’opinion nationale et internationale qu’il inaugure une nouvelle ère, qu’il est en train de mettre en place une nouvelle Algérie».
«Dans les médias d’Etat – je regarde tous les soirs le journal de la Télévision d’Etat –, chaque soir, inévitablement, on a de longues tirades rappelant qu’on est dans une nouvelle République, que la séparation des pouvoirs s’installe, que la liberté d’expression s’étend, que la loi va garantir les libertés individuelles – liberté d’association, d’expression, neutralité de l’Etat, etc. Tout cela est servi chaque soir avec plus ou moins de conviction. Mais ce qui est étonnant, et c’est là l’autre paradoxe, c’est que, en même temps, depuis l’indépendance, alors qu’il y a eu des périodes beaucoup plus répressives, jamais on a autant sévi contre des journalistes, des blogueurs, des caricaturistes, des hommes de théâtre et des poètes», a encore affirmé Slimane Zeghidour.
«Il y a plus de quarante-cinq détenus d’opinion, selon la définition internationale. Ce qui n’a pas empêché le ministère de la Communication de dire qu’en Algérie il n’y a aucun détenu d’opinion [mais qu’] il y a seulement des individus qui ont maille à partir avec la justice de leur pays et que ce sont des justiciables comme tout le monde», a fait remarquer l’auteur de L’Algérie en couleurs, selon lequel tout ceci intervient au moment où «une nouvelle mouture de la Constitution est vendue chaque soir tambour battant [par la Télévision officielle], c’est-à-dire avec toutes les garanties : l’Etat de droit, la transparence, la séparation des pouvoirs, les libertés, etc.».
H. A.
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