Affaire RAM : les médias marocains crient à l’ingérence des pilotes algériens
Par Houari A. – Levée de boucliers au Maroc où les médias s’insurgent de concert contre une lettre adressée par le SPLA, le Syndicat des pilotes de ligne algériens, à la direction de la Royal Air Maroc (RAM), dans laquelle il demande que soit «reconsidérée la décision de licenciement collectif pour raison économique prononcée à l’encontre de 65 pilotes». Les pilotes algériens ne sont, cependant, pas les seuls à avoir adressé une correspondance du genre à la direction de la compagnie aérienne marocaine. Mais le courrier du SPA a particulièrement «agacé» les Marocains qui y voient une «ingérence», en liant cette démarche, comme de coutume, à la question éminemment politique du Sahara Occidental.
Les médias marocains, qui relayent l’information, s’ils estiment «normale» la solidarité internationale exprimée envers les pilotes marocains licenciés, ils ne se disent pas moins «sceptiques» quant à l’initiative des pilotes du Syndicat des pilotes d’Air Algérie qui appelle, en tant qu’«organisation affiliée à l’UMPL(*) et l’IFALPA(**)», à «protéger au mieux les intérêts professionnels de [nos] confrères». Pourtant, le SPLA explique clairement qu’il s’«interdit toute forme d’ingérence dans la gestion souveraine de la compagnie dont relèvent les pilotes concernés».
Cette précision n’a pas suffi, cependant, à lever toute équivoque. «Les courriers adressés à Abdelhamid Addou, le PDG de la RAM, n’émanent pas de n’importe qui, et surtout pas de n’importe où. Leurs signataires ne sont autres que les présidents des syndicats des pilotes de ligne de l’Algérie […], [un] pays parmi les plus farouches adversaires du royaume dans la cause sacrée du Sahara marocain», s’emportent les médias marocains, pour lesquels «il n’en faut pas plus pour susciter une levée de boucliers sous la forme d’accusations d’ingérence de [ce] pays ennemi dans une crise interne».
«La bourrasque qui commence à enfler sur les réseaux sociaux menace même d’emporter dans son tumulte les revendications des pilotes marocains licenciés que d’aucuns commencent presque à taxer d’intelligence avec l’ennemi», menace-t-on à Rabat, où on pense que le courrier du SPLA, qualifié d’«indélicat», «n’est certainement pas dénué d’arrière-pensées et de malice» et qu’«un halo d’intrigue et de mystère entoure ce dossier». «Des interrogations fusent concernant les réelles motivations de [cette] organisation appartenant à [un] pays connu pour [sa] position sur des dossiers marocains comme celui du Sahara ou encore l’Union africaine», s’offusquent les médias marocains.
H. A.
(*) Union maghrébine des pilotes de ligne.
(**) Fédération internationale des associations de pilotes de ligne.
Comment (16)