A quel titre pensez-vous continuer à museler l’expression quelle qu’elle soit ?
Par M. Manseur – Tous ces compatriotes qui montent sur leurs ergots et qui agonisent d’injure des journalistes, un média, un pays, au motif suranné que l’on ne peut parler de l’Algérie qu’en en disant du bien, qu’il faudrait avoir, en quelque sorte, une autorisation de présenter un point de vue critique sur l’Algérie. La pauvreté ? La corruption ? Les harragas ? L’intégrisme ? L’éducation? Le piston ? La crise du logement ? Le manque d’eau ? Les gabegies ? Les journalistes embastillés ? Une justice aux ordres ? Une diaspora divisée ? Passez votre chemin dès que vous n’avez pas un ADN algérien, vous n’avez pas le droit de vous exprimer !
Quelles sont donc les conditions qui permettent de faire un travail documentaire sur l’Algérie sans qu’Alger s’enflamme, les réseaux s’embrasent et les Algériens eux-mêmes s’entredéchirent ? En réalité, ceux qui aiment réellement leur pays se doivent d’être objectifs et de faire le constat accablant sans honte aucune : rien ne va plus au royaume d’Algérie.
Que reproche-t-on à Bernard de la Villardière ? Quelques erreurs, les femmes algériennes peuvent effectivement voyager seules mais la minorité à vie, elle est écrite dans le marbre du Code de la famille, le Code anti-femmes.
En Algérie, on peut être pilote de guerre mais on ne peut épouser qui on veut lorsqu’on est une femme ; on peut voter, travailler librement, sauf si l’homme le refuse ; on peut sortir, vivre sa vie en toute liberté, sauf si l’homme l’interdit ; on peut montrer son nombril, sauf si un crétin le refuse.
Ah oui, pour succéder, on vaut la moitié d’un homme, on vaut moins que son oncle, que son frère et même que son neveu.
Alors, oui, il y a un vrai problème sociétal. Oui, pour ma part, je n’ai connu aucun de ces asservissements car, en Algérie, les hommes sont souvent plus féministes que les femmes. Car les pères, les frères, les maris se battent depuis plus d’un siècle pour libérer, au moins dans la sphère privée et publique, leurs filles, épouses, sœurs… dont ils ont la garde.
Les femmes ? Elles ont droit au chapitre comme Mme Djamila Bouhired et d’autres. Mais, légalement, elles ne sont rien !
Ce message est donc adressé aux hommes algériens qui se prennent pour des alphas mais qui n’ont en réalité peur de la femme. Il est adressé à ces fausses féministes qui confondent autonomie et liberté.
Mon combat est celui de la liberté et de l’égalité, il n’a pas de frontière et ne connaît pas de limites religieuses ou culturelles.
Dites-moi, chers hommes, à quel titre vous pensez continuer à museler l’expression quelle qu’elle soit ?
M. M.
(Avocate)
P. S. : Je pourrais utiliser un pseudonyme, comme je le fais sur ©twitter, ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Je pourrais me sentir illégitime à me prononcer car je fais partie de cette diaspora qui a choisi d’aimer son pays d’accueil sans pour autant perdre le lien avec l’Algérie.
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