Dirigisme primaire
Par Mounir Serraï – Face à la fonte continue des réserves de change qui ont diminué de trois quarts ces cinq dernières années, les autorités décident d’agir une fois de plus sur la facture des importations. Le but est de restreindre davantage les sorties de devises en soumettant toute opération de financement des importations à l’approbation préalable du gouvernement. Désormais, le contrôle du commerce extérieur et plus précisément des commandes à l’importation vont être scrupuleusement examinées en Conseil de gouvernement qui décidera de l’utilité de la conclure ou non.
Pour le gouvernement, il s’agit à la fois de réduire les importations et d’encourager la consommation des produits locaux. Pour certains, l’Algérie replonge dans le dirigisme primaire où l’Etat redevient indirectement le principal acteur du commerce extérieur.
Cette approche comptable qui a pour base une arithmétique des entrées et sorties de devises (importation-exportation) va être confrontée aux exigences de la mondialisation et de son corollaire qu’est la libre circulation des marchandises. Ayant signé un accord commercial avec l’Union européenne et ayant intégré des zones de libre-échange, l’Algérie devrait ainsi faire preuve de persuasion pour convaincre du bien-fondé de ces restrictions de plus en plus importantes à l’importation.
Bloquer ou interdire les importations ne peut constituer une solution durable aux difficultés financières que rencontre le pays. Il s’agit de mesures qui peuvent freiner momentanément la fonte des réserves de change mais qui ne sont pas de nature à régler les problèmes de façon pérenne. Surtout lorsque l’on sait que la production nationale dépend entièrement de l’importation des intrants et matières premières non disponibles localement.
M. S.
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