La mouvance islamiste s’acharne contre tamazight dans la nouvelle Constitution
Par Mounir Serraï – Les partis politiques d’obédience islamiste ont décidé tous d’appeler à voter contre le projet de révision de la Constitution. Le parti El-Adala, de l’islamiste radical Abdellah Djaballah, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) du frère musulman Abderrezak Mokri et le Mouvement Ennahda de Yazid Benaicha ne rejettent pas le processus de révision constitutionnelle mais le contenu qu’ils ne trouvent pas suffisamment orienté pour un Etat théocratique.
Le courant le plus radical, incarné par Abdellah Djaballah, ne supporte pas qu’une autre langue vienne concurrencer la langue arabe. Ce courant refuse d’accepter une deuxième langue officielle même s’il s’agit de la langue maternelle de l’écrasante majorité des Algériens.
Pour eux, cette Constitution ne correspond pas à leur projet de société qui n’est pas différent de celui du FIS. Un projet qui va renvoyer le pays quelques siècles en arrière. Un projet où la femme n’aura le droit ni au travail ni à l’école, où l’homme pourra épouser quatre femmes sans la moindre contrainte et où la Charia remplacerait la loi. Mais ils préfèrent axer leurs attaques sur l’intangibilité de l’article 4 qui consacre tamazight langue nationale et officielle. Une officialisation qui leur reste en travers de la gorge des dirigeants de ces formations qui rament contre le cours de l’histoire, ignorant visiblement que cette officialisation est le résultat d’un long et dur combat d’un système politique qui a fait de l’arabo-islamisme son arme redoutable contre les forces démocratiques et progressistes.
Leur choix de voter contre le projet de révision de la Constitution recèle aussi un calcul politique en ce sens que par leur rejet de ce texte, ils lorgnent les partisans de la «badissia-novembaria», un contre-courant démocratique apparu en pleine effervescence de la rue en 2019. C’est ce que ce contre-courant pourrait représenter comme gisement électoral qui intéresse les Djaballah et consorts. Parce que leur choix de participer au référendum sur la Constitution en appelant à voter contre ce projet de Loi fondamentale est plutôt motivé par leur préparation à participer aux élections législatives et locales qui interviendront juste après.
En s’éloignant de l’option du boycott, ces partis cherchent aussi à rester dans les bonnes grâces du pouvoir dans la perspective des prochaines échéances électorales. Car, dans le cas contraire, ils auraient simplement appelé au boycott de ce référendum.
M. S.
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