Ce qu’a écrit le Washington Post sur la visite de Mark Esper en Algérie
Par Mounir Serraï – Le prestigieux journal américain le Washington Post, proche des républicains, revient sur la visite, jeudi dernier, du secrétaire à la Défense américain, Mark Esper, en Algérie.
Sous le titre évocateur «Pentagon calls for new cooperation with Algeria to counteract growing Russian influence in Africa (Le Pentagone appelle à une nouvelle coopération avec l’Algérie pour contrer l’influence croissante de la Russie en Afrique), le Washington Post décrypte cette visite et souligne ses enjeux, sachant qu’il est très rare qu’un responsable américain de haut rang effectue une visite en Algérie. La dernière visite du secrétaire américain à la Défense en Algérie est celle de Donald Rumsfeld et elle remonte à 2006.
D’ailleurs, même le Washington Post souligne la rareté des visites de ce genre de responsables américains en Algérie. «Lors d’une escale de sa première tournée officielle dans les pays africains, le chef du Pentagone a passé environ cinq heures à Alger, rencontrant le président Abdelmadjid Tebboune et déposant une gerbe de fleurs devant un mémorial en hommage aux Algériens morts dans la guerre d’indépendance du pays contre la France». Pour ce journal, l’Algérie est «un pays de l’Afrique du Nord largement isolé».
«Les responsables du Pentagone disent voir œuvré pour élargir les liens de défense des Etats-Unis avec l’Algérie et, espèrent-ils, contrer l’influence croissante de la Russie en Afrique», souligne ce journal basé à Washington DC, rappelant dans ce sillage que «bien qu’elle soit une puissance militaire régionale significative, l’Algérie n’achète pratiquement aucun équipement militaire américain, malgré les conditions américaines sur les exportations d’armements. Les seules troupes américaines dans le pays sont stationnées à l’ambassade. Le pays n’invite pas les forces américaines à mener de grandes missions d’entraînement, comme le font d’autres nations régionales».
«Le gouvernement algérien, qui a mené une guerre sanglante contre les extrémistes dans les années 1990, ne voit que peu d’avantages dans le type de formation antiterroriste que d’autres pays se sont empressés de recevoir l’armée américaine», ajoute le Washington Post tout en précisant que «le partenaire de défense préféré de l’Algérie reste la Russie à laquelle elle achète 85% de son armement».
Dans une déclaration, la veille, dans un cimetière militaire américain de la Tunisie voisine, où sont enterrés des milliers de soldats morts en Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale, Esper a souligné cette menace, affirmant que l’ordre international établi dans les décennies qui ont suivi ce combat était «sous la contrainte en cette ère de compétition de grande puissance», poursuit ce journal qui enchaîne par une autre citation d’Espe : «Aujourd’hui, nos concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, continuent d’intimider et de contraindre leurs voisins tout en étendant leur influence autoritaire dans le monde entier, y compris sur ce continent.» «Le partenariat durable des Etats-Unis avec des pays partageant les mêmes idées – y compris ici en Afrique du Nord – est essentiel pour relever ces défis», poursuit-il.
La Russie, selon le Washington Post, a considérablement augmenté ses accès en Afrique et est le premier fournisseur d’armes de la région. Dans ce contexte, souligne ce journal, les responsables américains tentent de faire en sorte que les dirigeants africains choisissent les partenariats américains plutôt que russes ou chinois pour la défense, en mettant en avant un double atout d’un armement et d’une formation américains supérieurs. «Tous les Américains ont un faible dans leur cœur pour un peuple qui poursuit son combat pour sa propre liberté, a déclaré Esper, après le déjeuner au palais présidentiel sur les hauteurs d’Alger surplombant la Méditerranée», écrit le Washington Post.
Citant Geoff Porter, fondateur de North Africa Risk Consulting, le Washington Post écrit que «les chances d’une expansion significative des liens de défense entre l’Algérie et les Etats-Unis étaient minces». «Les gestes sont importants en Algérie et un bon orateur ne va pas laisser les Algériens penser que les Etats-Unis sont vraiment leur nouveau meilleur ami», lit-on encore dans ce journal qui poursuit : «L’Algérie vendra-t-elle la visite d’Esper pour la consommation intérieure ? Oui, définitivement. Sa visite changera-t-elle vraiment la relation entre Alger et Moscou ? Non, pas vraiment.»
M. S.
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