Normalisation du génocide palestinien
Par Mourad Benachenhou – «L’histoire biblique manque totalement de base historique et son caractère de composition largement fictive ou d’histoire totalement imaginaire est motivée par la théologie de l’époque de sa compilation, au cours des périodes persanes et hellénistiques, bien des siècles après que les prétendus évènements se soient déroulés. Au mieux, elle contient seulement des informations vagues et très peu crédibles sur l’Israël antique. Néanmoins, le pouvoir continu de la narration biblique témoigne du talent littéraire des auteurs lorsqu’ils produisaient un travail de propagande convaincant destiné un à public hautement réceptif.» (Israël Finkelstein dans : «Brian Schmidt (éditeur) : «L’Archéologie et la Recherche de l’Israël historique dans la Bible hébraïque, Société de la Littérature biblique, éditions Brill, Leiden-Boston, 2007, p. 15).»
«Le discours à propos d’Israël , qu’il soit pure propagande ou analyse, a la tendance particulière de présenter ce pays, à certains moments, comme normal – une démocratie normale, une société occidentale normale, un Etat normal – et à d’autres comme exceptionnel : une démocratie uniquement attaquée parmi les voisins hostiles, un Etat laïc qui accomplit historiquement la destinée religieuse d’un peuple… Mais l’occupation par Israël de la Palestine est un exemple de projet de colonie de peuplement dont les contradictions sont incluses dans la définition première du sionisme et dont l’évolution suit une logique analysée depuis fort longtemps par Albert Memmi et d’autres théoriciens du colonialisme de peuplement.» (David Loyd Le Colonialisme de peuplement et l’Etat exceptionnel : l’exemple de la Palestine/Israël, Journal of Research On Genocide, volume 2, 2012, numéro 1, pp. 59-80)
Il n’y a rien de plus trompeur que le terme «paix». Nul ne peut, rationnellement, refuser l’état de paix, car tout être humain désire que son passage dans cette vallée de misère, si bref ou si long soit-il, soit le plus serein et le moins pénible possible.
La paix : un terme sans contenu autre que celui qu’on veut bien lui donner
Refuser la paix apparaît donc, à première vue, comme un acte condamnable, car cela impliquerait que soit acceptée la continuation de la souffrance et de la terreur pour les populations subissant les affres de la guerre ou de l’agression multiforme contre elles.
L’état de paix est, certes et de loin, meilleur que l’état de guerre, qu’elle soit froide ou «chaude», qu’elle s’accompagne de destructions et de morts ou qu’elle prenne la forme, moins cruelle, mais plus prolongée, des sanctions économiques et financières et du boycott.
On ne peut donc qu’applaudir des deux mains à toute initiative, d’où qu’elle vienne, d’instaurer un Etat de paix entre des nations hostiles les unes envers les autres.
L’exclusivité de la légitimité de la présence juive en Palestine : une falsification génocidaire de l’histoire de la démographie de ce territoire
Mais cette paix ne peut être possible, et survivre au temps, que si les futurs «partenaires dans la paix» lui en donnent la même définition, le même contenu, la même portée, et s’engagent à changer leur comportement une fois la paix établie entre eux. Mais si l’un d’entre n’a que la paix à offrir, et rien d’autre en contrepartie de la paix qu’il demande à l’autre, et qu’il poursuit la même politique que celle qui a créé l’état d’hostilité de la part de son futur partenaire dans la paix, il est difficile d’accorder un crédit quelconque à son pacifisme.
Or, c’est ce type de paix qu’Israël est disposé à offrir aux pays et aux peuples qui, à juste titre, manifestent une hostilité certaine envers cette colonie de peuplement multinationale, créée par les anciennes puissances coloniales sur un territoire déjà occupé, et depuis des millénaires, bien avant même l’apparition du christianisme et de l’islam, par le peuple palestinien, dans ses diverses composantes religieuses, païennes ou juives.
Il ne s’agit nullement ici de contester la présence de populations judaïsées sur le territoire historique de la Palestine, ni d’affirmer que les non-juifs, essentiellement les musulmans sunnites et chiites, les chrétiens dans leurs différentes dénominations, et les druzes sont les seuls habitants légitimes de ce territoire.
Le débat ne tourne nullement autour de l’histoire de ce territoire, à la signification religieuse forte pour les trois croyances abrahamiques. Les traces historiques de la présence de ces trois religions sont trop visibles sur ce territoire pour que l’on puisse prouver que seuls les membres de l’une d’entre elles ont un droit imprescriptible sur lui, excluant toute légitimité de la présence des adeptes des autres religions sur lui.
Les exclusivistes sont les juifs
Il est à souligner, bien que cela n’exige pas qu’on le rappelle, que les exclusivistes ne sont ni les musulmans, ni les chrétiens, toutes dénominations incluses, ni les druzes.
Les juifs n’ont jamais été bannis du territoire palestinien par l’une quelconque des autres religions monothéistes. Il leur a été reconnu, à travers les siècles, leur droit de pratiquer, en toute liberté, les rites propres à leur religion, et même d’enterrer leurs morts dans ce territoire. Leurs cimetières ont été respectés, les temples propres à leur culte n’ont jamais fait l’objet de tentative de destruction par les adeptes des autres religions, et l’arbitraire dont ils ont été les victimes sur ce territoire n’a pas épargné non plus les adeptes des autres religions, toutes ayant eu à subir le même système despotique.
Israël : une colonie de peuplement multinationale
Toute cette histoire de convivialité, certes imparfaite, et qui a connu, des hauts et des bas pendant plus d’un millénaire et demi, et qui a permis – plus important que toute autre considération – aux différentes composantes religieuses peuplant la Palestine de survivre dans leurs originalités spécifiques, s’est brusquement terminée, non du fait de ces populations autochtones, mais du fait de l’entreprise coloniale extérieure qui a mis fin à l’empire ottoman, maître de la région depuis le XVIe siècle, et qui a abouti au partage de la région entre les différentes puissances coloniales du moment, chacune prenant sa part en fonction de ses intérêts, de ses desseins ouverts ou cachés, et des circonstances politiques propres à elle.
Jamais Israël n’aurait vu le jour sans cette entreprise coloniale, qui continue à s’exercer, plus d’un siècle après la signature du Traité de Versailles, qui avait donné une base légale, reconnue par tous les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, à ce partage fait sans l’avis des populations de cette région du monde et en violation flagrante du principe wilsonien du «droit à l’autodétermination des peuples», pourtant présenté comme l’objectif de ce qui avait été appelé à l’époque «la guerre pour en finir avec toutes les guerres».
Le sionisme : une idéologie étrangère à la région
Le sionisme politique n’est nullement une invention des populations juives vivant en Palestine. C’est une idéologie exclusivement occidentale, née en Europe en conjonction et à l’imitation du principe des nationalités, essentiellement dirigé contre l’empire austro-hongrois et l’empire ottoman, et qui avait pour objectif général de donner à chaque nationalité incluse dans ces deux empires une existence autonome, représentée par des Etats souverains, chacun couvrant le territoire où habitait une majorité appartenant à telle ou telle nationalité.
Dès sa naissance, le mouvement sioniste a clairement établi sa source d’inspiration comme étant la Bible, quoique ses premiers partisans n’avaient plus rien de juifs des «ghettos» et se réclamaient de la civilisation européenne sans réserve aucune.
Il existait en Europe des régions où la population juive constituait une majorité suffisamment importante pour en réclamer la constitution comme Etat juif. Mais les «laïcs» qui avaient conçu l’idéologie sioniste tenaient à ce que ses racines bibliques soient fermement établies. Dès le fameux congrès sioniste de Bâle (29-31 août 1897), l’animateur du mouvement n’a pas caché qu’il voulait la création d’un Etat strictement et purement juif sur le territoire de la Palestine, et a forgé la devise «une terre sans peuple, pour un peuple sans terre», révélant, ab initio donc le caractère génocidaire de cette idéologie.
C’est la conjonction des objectifs des ex-puissances coloniales et du projet sioniste qui a permis la naissance de l’Etat d’Israël sur le territoire de la Palestine, et sous la protection de la puissance mandataire de l’époque, qui avait reçu, pour donner, pour donner suite à un accord secret qui n’a rien d’une «légende noire» l’accord Sykes-Picot (16 mai 1916), en partage le territoire palestinien, alors intégré dans la Grande Syrie. Comme l’a écrit James Renton : «L’établissement du sionisme comme puissance en Palestine, et pour une grande part dans la diaspora juive également, était, de multiples manières, la création de la Grande-Bretagne, de même que la radicalisation du conflit entre sionistes et Palestiniens… Les vues négatives sur les Palestiniens comme peuple oriental arriéré a eu pour résultat des politiques qui furent pour beaucoup dans le sabordage de leur progrès et dans la promotion de la division.» (dans La Mascarade sioniste, la Naissance de l’alliance entre sionistes et Anglais, éditions Palgrave-Macmillan, Londres, 2007 p. 155.)
Une invasion militaire multinationale déguisée en «guerre d’indépendance»
On continue à perpétuer le mythe d’un projet de caractère strictement humanitaire, visant à donner un foyer à un peuple particulièrement maltraité par l’histoire, et qui n’avait comme autre ambition que de trouver un refuge lui permettant de vivre en paix.
On a même glorifié la «guerre d’indépendance» d’Israël, en faisant croire qu’elle aurait été gagnée par le seul héroïsme des combattants et des terroristes sionistes, portés par une foi religieuse et un désespoir extrême, et menacés d’extermination par le monde entier.
On sait maintenant que toute l’histoire officielle d’Israël est un grand mensonge, que les pays occidentaux ont, dès le départ, et dans le cadre de leur projet colonial, assuré non seulement l’assistance logistique indispensable pour la réussite de cette invasion, mais également la couverture politique permettant la création de ce dernier bastion du système colonial au Moyen-Orient.
Citons Avi Shalim, qui dévoile en partie l’étendue de ce mensonge «fondateur» : «Mi-mai 1948, le nombre total de troupes arabes était inférieur à 25 000 hommes, pendant que l’armée israélienne avait plus de 35 000 hommes sur le champ de bataille. Mi-juillet, l’armée israélienne avait mobilisé 65 000 hommes armés, et en décembre elle avait atteint un pic de 96 441 hommes. Les Arabes avaient également renforcé leurs armées, mais ils ne pouvaient pas contrebalancer ce taux de croissance. Donc, à chaque étape de la guerre, l’armée israélienne avait un nombre supérieur de troupes armées que toutes les forces arabes mobilisées contre elle et, à la fin de la guerre, l’armée israélienne avait dépassé de loin les effectifs de toutes ces armées arabes ; et au stade final de la guerre, Israël avait le double des effectifs des armées arabes. Le résultat final de la guerre n’était donc pas un miracle, mais le simple reflet de l’équilibre des forces arabo-israélien. Dans cette guerre, comme dans la plupart des guerres, le plus fort l’a finalement emporté.» (Dans : Le Mur de fer : Israël et le monde arabe, éditions Norton and Company, New York, 2001, p. 35.)
On est donc loin de l’image d’une armée d’invasion improvisée et sous-équipé qui aurait héroïquement tenu tête aux «hordes arabes». Cette armée avait toutes les apparences d’un corps expéditionnaire organisé depuis longtemps et bénéficiant d’un appui financier et logistique difficile à mobiliser sans l’intervention directe des Etats qui avaient procédé entre eux au découpage du Moyen-Orient.
Et on sait que cette «guerre d’indépendance» a donné lieu aux mêmes types de destructions et de massacres des populations locales, qui sont les caractéristiques des conquêtes coloniales. Il ne manque pas d’écrivains juifs opposés à l’idéologie génocidaire sioniste, d’historiens israéliens «révisionnistes», sympathisants ou non de la tragédie du peuple palestinien, qui ont décrit, avec force détails, les premiers temps de l’invasion de la Palestine.
A les lire, on croirait revivre l’histoire de la conquête de l’Algérie, tant la barbarie déployée par les sionistes contre les populations locales, leur massacre et leur expulsion sans pitié, les destructions des églises et des mosquées, la désacralisation des cimetières, la confiscation des terres sous les mêmes prétextes que celle de l’administration coloniale française a utilisée contre les tribus et les particuliers algériens était similaire à celle que les armées de Clauzel, Bugeaud et autre Voirol ont infligée au peuple algérien. On peut, sans exagération aucune, trouver dans les chefs de cette armée d’invasion les équivalents juifs des Le Bourmont, des Saint-Arnaud, des Le Pélissier et de tous les chefs criminels qui ont massacré et réduit à la faim et à la misère le peuple algérien.
En fait, l’entreprise génocidaire sioniste répond exactement aux critères établis par l’avocat juif polonais Raphael Lemkin (1900-1959) dans son ouvrage L’Administration de l’axe dans l’Europe occupée (1944). Il y décrit la politique de «germanisation» des territoires occupés par l’Allemagne nazie dont l’objectif était d’éliminer les populations locales, classées comme appartenant à des races inférieures, par des populations de race «germanique», ramenées d’autres parties du bref empire du IIIe Reich.
La devise génocidaire du sionisme : «Une terre sans peuple pour un peuple sans terre»
Qualifier le sionisme de fascisme de type nazi ne devrait avoir rien d’offensant pour les sionistes car, dès le premier congrès sioniste, présidé par Theodore Herzl, l’objectif de «judaïsations» de la Palestine, par l’élimination de la population palestinienne, était proclamé.
On ne comprend pas pourquoi les sionistes refusent d’être assimilés aux nazis, alors que leur entreprise semble être tirée de la description que fait un de leurs coreligionnaires de la politique nazie dans les Territoires occupés. Tout le programme nazi dans ces territoires se retrouve dans la politique israélienne, depuis le refus de reconnaître l’identité nationale de la population palestinienne, à laquelle il est interdit de se désigner comme «palestinienne» (tout comme le qualificatif d’Algériens étaient réservés aux populations européennes en Algérie), en passant par les mesures administratives et autres, y compris l’exclusion de l’accès à une carte d’identité, en passant par les massacres et les meurtres routiniers, la destruction des habitations comme punitions, les sanctions collectives, les confiscations de terres, l’interdiction de pénétrer dans certains parties du territoire israélien, l’exclusion de l’utilisation de routes réservées exclusivement aux juifs ; bref, la panoplie du «parfait génocidaire».
A ce propos, la propagande sioniste a, pendant longtemps, voulu faire croire qu’en fait l’extension des propriétés entre les mains de juifs en Israël serait provenue de transactions commerciales tout à fait légales entre Palestiniens et juifs occidentaux ; rien n’est plus faux que cette affirmation, qui a longtemps fait croire que les Palestiniens étaient les auteurs de leurs propres malheurs.
Et ce mensonge a été mis à nu, non par un adversaire acharné du sionisme, mais par Ehud Barak, ancien Premier ministre israélien, qui a reconnu, dans un moment de rare franchise, que 97% des terres occupées par des juifs en Palestine proviennent de confiscations des propriétaires palestiniens originaux.
La confiscation des terres palestiniennes et l’hébraïsation de la toponymie de la Palestine au cœur de l’entreprise génocidaire sioniste
Et ce problème de confiscation des terres palestiniennes est au cœur du système génocidaire sioniste, et on n’a nul besoin d’aller plus loin pour justifier la qualification du sionisme comme idéologie génocidaire. C’est la conclusion à laquelle est parvenu Patrick Wolfe, un chercheur spécialisé dans la politique des colonies de peuplement. Voici ce qu’il affirme : «La question du génocide n’est jamais loin des discussions sur le colonialisme de peuplement. La terre est la vie – du moins, la terre est nécessaire pour la vie. Aussi, la lutte pour la terre peut être – bien sûr est souvent – la lutte pour la vie… La territorialité est un élément spécifique, irréductible du colonialisme de peuplement.»
Il ajoute : «La logique de l’élimination ne fait pas seulement référence à la liquidation sommaire de la population indigène, bien qu’elle inclue cela. En commun avec le génocide, comme décrit par Lemkin, le colonialisme de peuplement a des effets à la fois négatifs et positifs. Négativement, il tente de dissoudre la société indigène. Positivement, il érige une nouvelle société coloniale sur la base des terres expropriées – comme je l’ai expliqué, les colonisateurs de peuplement viennent pour rester. L’invasion est une structure, pas un évènement. Dans son aspect positif, l’élimination est un principe organisateur de la société coloniale de peuplement plutôt qu’un évènement additionnel… Comme Théodore Herzl, le père fondateur du sionisme l’a observé dans son roman allégorique : «Si je souhaite substituer un nouveau bâtiment à une vieille bâtisse, je dois démolir avant de construire… La rebaptisation est centrale pour l’effacement et le remplacement de la présence des Arabes palestiniens.» (Dans : Le Colonialisme de peuplement et l’élimination des populations locales» Journal of Genocide Research, volume 8, numéro 4, pp. 387-409.)
Il s’agit non seulement de nier au peuple palestinien toute relation avec sa terre, mais d’effacer une fois pour toutes les traces de son existence en rebaptisant systématiquement tous les noms de lieux, leur donnant des noms bibliques qui expriment la confiscation sioniste de l’histoire de cette terre en la rattachant, de manière fausse, selon de nombreux archéologues israéliens, à la toponymie sacrée juive. C’est exactement le type de politique menée par l’ancienne puissance coloniale en Algérie et par les occupants nazis en Europe occupée.
En conclusion
Depuis 1948, année de l’invasion de la Palestine, il n’y a aucune évolution vers la reconnaissance de l’existence du peuple palestinien par les autorités sionistes. Au contraire, le processus d’élimination du peuple palestinien s’est accéléré au cours de ces dernières années, pour ne pas dire ces derniers mois, et le type de paix imposé unilatéralement, et qui n’ouvre la voie à aucune négociation, n’a, pour autre objectif, que de compléter le projet génocidaire sioniste, en faisant miroiter aux Palestiniennes et Palestiniens la prospérité économique en échange de leur acceptation de disparaître une fois pour toutes comme peuple.
D’ailleurs le Premier ministre israélien actuel, appartenant à la branche la plus fanatique du sionisme, n’a jamais caché le fait qu’il niait l’existence du peuple palestinien dont il rejette tout droit, de quelque nature que ce soit, sur la terre de Palestine.
Et le plan de paix lui-même est fondé sur cette affirmation sans rapport avec la réalité de l’existence du peuple palestinien et sa volonté de se battre pour se voir reconnaître le droit à l’existence.
Et voici que, dans ce contexte où Israël accélère sa politique de «judaïsation» de la Palestine, sans jamais cacher qu’elle veut la «nettoyer» de toute présence palestinienne, et tout cela avec l’appui sans réserve d’une puissance étrangère au Moyen-Orient, certains Etats arabes prennent l’initiative d’appuyer la phase finale de ce projet génocidaire !
Que va leur rapporter cette «normalisation» mal pensée dans ses conséquences, illusoire dans les bénéfices qui en seraient attendus et dangereuse pour la survie même du peuple palestinien, victime d’une injustice qui met en danger sa propre survie, sans garantir un retour à la paix dans la région ? Déjà, de nouvelles guerres se préparent pour transformer toute la région en champs de ruines dont ne pourraient jamais se relever les peuples.
Une paix, dont le seul objectif est d’achever le processus de génocide du peuple palestinien, n’est rien d’autre que la complicité dans sa perpétuation. Faire croire qu’on peut à la fois «normaliser» ses relations avec l’Etat génocidaire d’Israël et contribuer à mettre fin au génocide du peuple palestinien est une contradiction dans les termes : on confirme d’un côté ce que l’on nie de l’autre.
Israël n’est nullement disposé, et il le montre clairement sur le terrain, à renoncer à quelque élément que ce soit de son projet de «judaïsation totale, définitive et irréversible» de la Palestine, et n’est disposé à négocier avec les représentants du peuple palestinien rien d’autre que l’acceptation de leur génocide, en leur faisant miroiter un avenir radieux «dans les cimetières».
Si Israël et la superpuissance qui l’appuie sans réserves sont si disposés à rendre heureux les Palestiniens, pourquoi refusent-ils donc de leur donner le bonheur auquel ils ont droit, en leur reconnaissant la légitimité de leurs revendications et leur droit sacré à l’existence comme nation, et en éliminant tout de suite et maintenant toutes les lois et règles rendant la moindre de leurs activités quotidiennes les plus banales une torture, et soumettant leur vie à une condamnation à mort avec sursis qui peut, à tout moment et sans avertissement, jour et nuit, leur être infligée ?
Il ne s’agit pas, dans ce bref rappel historique actualisé de qualifier, d’une manière dégradante, la «normalisation» des relations entre des pays arabes et l’Etat génocidaire d’Israël.
Loin d’être un pas vers la paix dans la région, cette normalisation ouvre une nouvelle ère de violences et de destructions et rend illusoire toute possibilité de paix dans un proche avenir. Le projet génocidaire d’Israël est le problème, non les revendications légitimes du peuple palestinien ou les visées «expansionnistes» de tel ou tel autre pays de la région, ou la soi-disant inimitié entre différentes sensibilités musulmanes.
C’est le refus de reconnaître la nature du projet sioniste qui est la source de tous les problèmes de la région, non le refus d’appuyer ce projet par ses peuples. Car c’est ce que demande Israël et ses appuis extérieurs. La paix, au sens israélien du terme, est l’acceptation de la légitimité de son projet génocidaire.
Il faut laisser aux autres gouvernements la responsabilité de leur qualification de cette «normalisation», qu’ils soient tentés de se faire les complices de ce génocide, sans contrepartie autre que des fausses promesses, et l’éventualité d’autres guerres dans la région, qui viennent ajouter à la destruction systématique des pays de la région, ou qu’ils décident de continuer à soutenir, contre vents et marées, la lutte d’un peuple dont le destin a tant de ressemblance avec le destin du peuple algérien.
M. B.
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