Le criminel de guerre Salan tombe une seconde fois à Saint-Seurin-sur-l’Isle
Par Houari A. – La mairie de Saint-Seurin-sur-l’Isle, dans le sud-ouest de la France, a décidé de débaptiser la place centrale de la ville qui portait le nom du général sanguinaire Raoul Salan. Le conseil municipal qui a adopté cette mesure justifie sa décision par le fait que «le nom choisi ne doit pas porter atteinte à l’image de la commune et doit respecter la neutralité du service public», préférant au nom d’un criminel de guerre celui d’un ingénieur, William-James Jackson, qui «représente un personnage historique du développement industriel de la commune».
Le général Raoul Salan, mort en 1984 à Paris, fait partie des putschistes que le général De Gaulle avait qualifiés de «quarteron de généraux». Dans un témoignage qui remonte à avril 1961, le colonel Jules Roy, auteur de La Guerre d’Algérie, décrivait le tortionnaire qu’il avait rencontré dans un hôtel à Madrid, en Espagne. Celui qui était considéré comme «l’officier le plus décoré de l’armée française» s’y confessait à son interlocuteur. «C’est moi qui ai crié vive le général De Gaulle le 13 mai. Et pourtant, si je suis ici, c’est parce qu’on m’a chassé d’Algérie. Pour quelles raisons ? J’ai proclamé que nul n’avait le droit de céder un pouce du territoire national sans trahir», allusion à l’Algérie qui cheminait vers son indépendance chèrement acquise.
«Nous avons trahi une jeunesse, et cette jeunesse monte. Elle n’acceptera pas que nous lâchions sa cause. Même si cela arrivait, je ne vois pas Ferhat Abbas à Alger, car il devrait y arriver et les Français de là-bas ne seraient pas les seuls à l’en empêcher. Les musulmans veulent vivre et travailler avec nous, à condition que nous soyons des Français nouveaux et non ceux qu’ils trouvent près d’eux», rêvait «l’exilé de l’Algérie française». «Vous vous êtes élevé contre la façon dont cette guerre se fait. D’accord. On s’est trop tué et trop mal tué. Il n’empêche que nous ne pouvons pas abandonner l’Algérie comme ça, en croyant y rester si l’armée s’en va», ajoutait-il.
Raoul Salan martelait que «les gens du FLN nous mettront à la porte d’une façon brutale et dans le désordre. Ils ne supporteront pas notre existence. Et puis, qu’est-ce qui succédera à ce désordre ? Ces gens-là n’arriveront pas à commander leurs troupes. Vous en connaissez quelques-uns de bien parmi eux ? Combien ? Je ne suis pas parti sur un coup de tête : je savais ce que je faisais. La situation évoluera. Les Français d’Algérie se révolteront, je leur fais confiance pour ça, et en France il y aura des braves gens pour ne pas les laisser assassiner», croyait encore le général déchu qui pensait pouvoir «lever et équiper une armée de 250 000 hommes là-bas» (en Algérie, ndlr) et, «avec l’aide des musulmans» faire «la véritable Algérie française».
Des appels à la rebaptisation de rues et de places et au déboulonnage de statues de personnalités politiques et militaires symboles de la colonisation et de l’esclavage ont suivi l’affaire de l’assassinat par la police aux Etats-Unis d’un ressortissant de couleur. Une bavure qui a donné lieu à de gigantesques manifestations dans le pays et dont l’onde de choc a atteint l’Europe.
H. A.
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