Ce que 740 nostalgiques de l’Algérie française ont écrit au président Macron
Par Nabil D. – 740 nostalgiques de l’Algérie française ont adressé une lettre ouverte au président français dans laquelle ils s’en prennent violemment à l’historien Benjamin Stora dont les écrits éminemment académiques et impartiaux dérangent énormément l’extrême-droite dans son pays, laquelle reproche à Emmanuel Macron de «sciemment favoriser le camp adverse, l’ennemie historique de la France, l’Algérie, au détriment de ses fils ayant combattu pour la France, par amour de la France et, pour certains, devenus des Français par leur sang versé pour elle».
Dans leur «plainte», les signataires rédigent le curriculum vitae de l’académicien «à abattre» et rappellent son parcours, au demeurant fort honorable, que ses détracteurs peinent à «salir», même en usant et abusant d’épithètes et d’étiquettes absurdes : «Benjamin Stora, avec ses 70 ans, est resté l’homme politique d’extrême gauche, passé du communisme pur et dur de ses 18 ans au socialisme où il a su s’immiscer, vers l’âge de 60 ans, comme conseiller pro-algérien auprès de votre prédécesseur – de gauche – François Hollande», écrivent-ils, en ajoutant qu’«il a 18 ans lorsqu’il devient membre du groupe trotskiste lambertiste et de l’Organisation communiste internationaliste, l’OCI».
Et d’enchaîner en énumérant la riche bibliographie de l’historien, en s’offusquant de ce que, «dix ans plus tard, il consacre son premier ouvrage à la biographie du nationaliste algérien et leader indépendantiste Messali Hadj qui a été, en son temps, proche des trotskistes français en créant le MNA». «Dès ce moment, nous entrons dans son combat pour la repentance de la France envers les Algériens en n’écrivant, de sa fausse guerre, que la version des terroristes du FLN, des moudjahidine, de l’ALN, sans jamais reconnaître les crimes abominables que ceux-ci ont commis contre leurs frères en religion, les harkis, les pro-Français et, bien entendu, les Européens de toutes confessions quels qu’ils soient», se lamentent les auteurs de la lettre qui qualifient les combattants de la glorieuse ALN de «barbares».
Les signataires en veulent également à Benjamin Stora d’être «complice avec l’ennemi FLN», Mohammed Harbi, pour avoir admis que ce dernier l’a «énormément aidé pour les 600 biographies du dictionnaire de militants […] rédigées entre 1978 et 1985» et pour avoir reçu de son confrère français (Benjamin Stora donc) «une partie des fiches de surveillance des indigènes [algériens] récoltés au centre d’Aix-en-Provence». Une entraide académique qualifiée de «haute trahison».
Brossant dans le sens du poil et voulant influencer le choix d’Emmanuel Macron, les auteurs de la pétition l’interrogent : «Quels sont les blocages que vous craignez, Monsieur le Président ? Ceux de nos vaillants militaires et harkis encore vivants ? Ceux des Français d’Algérie encore nombreux à se battre contre cette repentance dont vous avez offert les prémices aux Algériens lors de votre campagne, là-bas, à Alger ?» «Et nous, la France, Monsieur le Président ? Nous, les Français, comment et quand vous déciderez-vous à tout mettre en œuvre pour nous défendre et laver notre honneur ?» renaudent, enfin, ces frustrés de la Guerre d’Algérie dont la soif de colonialisme est inassouvie.
Une lettre qui finira indubitablement dans la poubelle de l’histoire.
N. D.
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