Lutte contre l’islamisme : le contre-pied machiavélique de Boualem Sansal
Par Mohamed K. – L’écrivain algérien Boualem Sansal a affirmé, en commentant la décapitation d’un enseignant par un fanatique islamiste, que le problème résidait dans le fait que «les démocraties occidentales ne comprennent pas à quel ennemi elles ont affaire». «L’islamisme est conçu comme un courant religieux, mais l’islamisme ce n’est pas que cela, c’est aussi une organisation politique, son but est d’imposer ses idées et de prendre le pouvoir», a-t-il expliqué dans une interview à Courrier International.
Selon l’auteur du Serment des barbares, les pays occidentaux «s’aveuglent» sur la question de l’extrémisme islamiste, «peut-être un peu par peur», parce qu’ils «ne veulent pas se mettre à dos des pays puissants comme le Qatar et l’Arabie Saoudite». «Mais aussi à cause du politiquement correct, les démocraties sont des sociétés policées», a-t-il ajouté, en estimant qu’«il est temps de dire qui est vraiment l’ennemi». «Les islamistes veulent prendre le pouvoir. Pour eux, il y a deux options : ou je vous impose mes idées et vous convertis, ou je vous liquide et prends votre place», a expliqué Boualem Sansal en soulignant que «la France, seule, ne s’en sortira pas».
«Il faut penser la lutte contre l’islamisme au niveau transnational, c’est-à-dire européen», a-t-il fait savoir. «Il faudrait, selon lui, créer une structure composée de politologues, de philosophes, de sociologues, de savants qui seraient chargés de répondre à cet islamisme». Il invite les pays occidentaux à nommer ce dernier «clairement».
Interrogé sur l’Algérie qui a «elle-même fait face à l’islamisme durant les années 1990», l’écrivain algérien a affirmé que «chez nous, la problématique était d’un autre ordre». «D’abord, il n’y avait pas de dimension civilisationnelle, car nous sommes nous-mêmes un pays musulman, et puis c’était d’une autre nature, il y avait alors cinquante attentats par jour».
Boualem Sansal, qui ne pouvait pas ne pas agrémenter son discours d’une pincée de «qui tue qui» dans ses réponses pour ne pas perdre son statut d’«écrivain référent» en France, auquel cas les portes de toutes les maisons d’édition et les plateaux et les colonnes de tous les médias lui seraient fermés, a conclu par une flagrante contradiction, en se disant «satisfait» que la France combatte le terrorisme islamiste par les «voies démocratiques», alors qu’en Algérie «l’Etat a usé de bien d’autres méthodes : la torture, des arrestations de masse, les exécutions extrajudiciaires, […] c’est impossible, heureusement, en démocratie». Entendre la lutte antiterroriste sans merci contre les groupes islamistes armés que le Parti socialiste français a tout fait pour empêcher, allant jusqu’à imposer un embargo sur les armes contre l’armée algérienne.
Ce sont ces tergiversations et ces détours rhétoriques qui coûteront la vie à l’enseignant Samuel Paty et à des centaines d’autres victimes à Paris, Nice et Strasbourg plusieurs années plus tard.
M. K.
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