Six formations islamistes se liguent contre le projet de révision de la Constitution
Par Mounir Serraï – A trois jours du référendum sur le projet de révision de la Constitution, six formations d’essence islamiste lancent un appel aux Algériens pour un vote massif par le «non» à ce projet constitutionnel qu’elles qualifient de laïc.
Il s’agit du Mouvement de la société pour la paix (MSP), d’Abderrazak Mokri, du Front pour la justice et le développement (PJD) d’Abdallah Djaballah, du Mouvement Ennahda de Mohamed Dhouibi et de trois formations en cours de création, à savoir le Mouvement AzM, l’Alliance nationale pour le changement et le Mouvement de la société démocratique.
Cherchant à se distinguer du camp démocratique qui rejette dans la forme et dans le fond le projet de révision de la Constitution, ces formations islamistes justifient leur appel par «un manque de crédibilité et de transparence» dans le processus de révision, considérant que le comité d’experts ayant conduit ce projet de réforme n’est pas représentatif.
Pour ces formations islamistes, qui rêvent d’un Etat théocratique en Algérie, ce comité est «laïc» et n’a pas donné suffisamment de place à la charia dans la Loi fondamentale. Pourtant, du début jusqu’à la fin, le projet de loi renvoie aux préceptes islamiques. Mais ces partis islamistes, qui rejettent l’officialisation de tamazight, veulent plus. Pour eux, ce projet d’amendement constitutionnel ne répond pas aux aspirations des martyrs de la Révolution de Novembre 1954, comme il ne répond pas aux demandes du mouvement populaire du 22 février 2019. Aussi, selon ces partis, «ce projet ne s’est pas hissé aux promesses du président de la République».
N’ayant jamais évoqué la répression qui a touché le camp démocratique, ces formations islamistes réagissent après avoir été interdites de mener campagne contre le projet de révision de la Constitution. Il faut souligner que le courant islamiste est divisé en deux blocs : ceux qui sont en faveur du projet de révision constitutionnelle et ceux qui y sont contre.
Ceux qui sont pour ce projet référendaire sont le Mouvement El-Isla de Fillali Ghouini, le Mouvement El-Bina d’Abdelkader Bengrina, TAJ de l’ancien ministre Amar Ghoul. Ces formations islamistes qui font partie du nouveau carcan du pouvoir, comme elles ont fait partie des soutiens de l’ancien système, font dans le zèle en espérant un «bon retour sur investissement» lors des prochaines élections législatives.
Il y a une troisième catégorie d’islamistes qui a infiltré le Hirak et qui a poussé à la radicalisation, conformément à une feuille de route dictée par le mouvement Rachad téléguidé de l’étranger par des anciens du FIS dissous.
Les partis islamistes qui appellent à voter «non» lors du référendum préparent d’ores et déjà les prochaines élections législatives et locales. Leur position obéit ainsi à des calculs purement électoralistes.
M. S.
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