Comment la «guéguerre Algérie-Maroc» entrave l’islam de France selon Le Point
Par Nabil D. – «La guéguerre Algérie-Maroc au sein de l’islam de France continue de paralyser l’organisation de la deuxième religion française», écrit Le Point dans un article consacré aux nouvelles mesures que les autorités françaises entendent prendre pour lutter contre le terrorisme islamiste et endiguer le phénomène de la radicalisation. Pour l’hebdomadaire français, le conflit larvé qui oppose le recteur algérien de la Grande Mosquée de Paris au président marocain du Conseil français du culte musulman est un frein aux efforts du gouvernement qui affronte une nouvelle vague d’attaques meurtrières.
«Mohamed Moussaoui et Chems-Eddine Hafiz ne sont pas sur la même longueur d’onde», explique Le Point qui souligne que «c’est peu dire que Chams-Eddine Hafiz ne porte pas Mohamed Moussaoui dans son cœur». «Hafiz n’a pas le monopole de la condamnation du terrorisme», rétorque-t-on au successeur controversé de Dalil Boubakeur. «Moussaoui et Hafiz ne s’entendent sur rien, mais le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et Emmanuel Macron les ont désignés pour être aux avant-postes de la lutte contre l’islam radical, même si le président de la République reconnaît la légitimité communautaire au CFCM», indique Le Point, en notant que «l’attelage est néanmoins artificiel».
«Mohamed Moussaoui, d’origine marocaine, grand vainqueur des dernières élections au CFCM de novembre 2019, avait accepté de laisser la présidence à un Algérien, mais après le remplacement de Boubakeur par l’avocat Hafiz, Moussaoui est revenu sur sa décision. Car Hafiz fut longtemps l’avocat du Front Polisario en guerre contre le Maroc et soutenu par l’Algérie. De même, son cabinet est lié par contrat avec pas moins de dix institutions algériennes, dont l’ambassade d’Algérie à Paris. Mohamed Moussaoui, lui, est réputé proche du palais royal du Maroc», écrit le magazine français.
«Après 17 ans d’existence, le CFCM peut-il lutter efficacement contre les discours radicaux alors que la situation sécuritaire est pire que lors de sa création ? La GMP, quant à elle, est soupçonnée de chercher à maintenir, voire à étendre, l’influence de l’Algérie dans les affaires de l’islam de France, même si aux dernières élections du CFCM les mosquées algériennes n’ont pas choisi la GMP pour les représenter au sein de la structure», écrit encore Le Point, qui met en avant, par ailleurs, le «manque de transparence» dans la gestion financière de la Grande Mosquée de Paris. «Sur les cinq millions d’euros versés par l’Algérie, la GMP en garde 2 pour sa gestion interne et sa quarantaine de salariés, quasiment tous originaires de la même région d’Algérie. Avec les 3 autres, elle rémunère près de 130 imams qui diffusent ses messages dans les mosquées de son obédience», précise-t-on.
«Un doute repose enfin quant à la véritable influence du CFCM et de la GMP, lesquels contrôlent moins de 10% des 2 500 mosquées et lieux de culte. Dès lors, comment peuvent-ils lutter efficacement contre l’islam radical ?» s’interroge, dubitatif, l’hebdomadaire français.
N. D.
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