La principale décantation politique
Par Saadeddine Kouidri – Il nous a fallu presque 60 ans pour montrer au monde, une nouvelle fois, la première étant principalement la manifestation de décembre 1960, que le mouvement populaire est un fort soutien à notre lutte de libération entamée le 1er Novembre 1954, contrairement à ce que colportent la Réaction, la néocolonisation et ses plumitifs depuis des décennies. Le peuple est pour le projet de cette Algérie qui, dès l’Indépendance et après une courte transition de l’«Etat algérien», inscrit sur le front de notre nation «République algérienne démocratique et populaire».
Durant tout ce temps, le citoyen marque sa fidélité à la consolidation de l’indépendance, sachant pertinemment que la démocratie populaire est incompatible avec l’inégalité, entre l’homme et la femme, entre les langues, entre les croyances ; il revendique tacitement, depuis des décennies, l’abrogation des lois qui entravent la marche de la RADP vers le progrès et la justice.
Système politique ou l’opposant antidémocratie
Le refus du système politique de répondre à ses légitimes revendications en fait un puissant opposant à cette démocratisation adossée à la lutte de libération et rend du coup le pouvoir et ses partis politiques obsolètes. Le vent qui mène les voiles sur la scène politique est dans la résistance populaire-pacifique à l’antidémocratie et à l’islamisme. Le mouvement du 22 Février en a été une démonstration et s’il a été constamment cerné par la police pour en découdre sans succès, il a été aussi suivi par les islamistes comme un animal qui suit sa proie. Seul le Covid-19 en a eu temporairement raison de ses agoras massives.
Quand les islamo-conservateurs s’opposent à la plus ancienne des langues algériennes pour s’opposer au projet de Constitution du système, c’est surtout pour semer la peur et dissuader ceux et celles qui espèrent plus, c’est-à-dire l’inscription dans la Constitution de l’autre langue maternelle, eddardja et leur nouvelle acquisition, la langue française, celle de la Déclaration du 1er Novembre que Kateb Yacine qualifia de «butin de guerre», en plus de l’abrogation de la loi qui fait de l’islam religion de l’Etat, sachant que cette loi ne vise ni plus ni moins que de passer la Révolution pour un djihad, guerre sainte. Depuis toujours la Réaction fourbit ses armes à l’ombre des mosquées et au lendemain de l’indépendance, ses leaders au pouvoir orientent l’enseignement pour former des croyants aux dépens du citoyen.
L’expansionnisme du roi du Maroc qui représente le mieux la féodalité dans la région, allié au terrorisme-islamiste, au berbérisme-séparatiste, fournissent au système politique la justification de son antidémocratie et à son opposition nationale et étrangère, leur commun mépris du peuple !
Le colonialisme n’est rien d’autre que l’extension des inégalités, du racisme, de la rapine. On ne le répétera jamais assez, tant que le pouvoir et l’ancien colonisateur ne l’ont pas inscrit comme crime contre l’Humanité, n’est-ce pas Monsieur l’Ecrivain. Cette négation favorise la réaction dans toute la région jusqu’au Parlement algérien qui, en 1984, vota le code de la famille qui nous rappelle le code de l’indigénat tandis que le Parlement français vote la loi sur l’enseignement du «rôle positif» de la colonisation en 2005.
Le système capitaliste pour nourrir racisme et inégalités
Cette négation demeure un puissant facteur du racisme, particulièrement envers les émigrés qui, malgré la nationalité française, demeurent dans les moments difficiles des citoyens de seconde zone, des «Français musulmans», comme l’étaient leurs grands-pères au temps de la colonisation.
Il est bien de rappeler que les pouvoirs occidentaux manifestent de la sympathie pour ne pas dire plus à l’islamisme jusqu’à l’attentat de New-York le 11 septembre 2001 !
La majorité des médias, à juste titre, qualifient ceux qui égorgent au nom de l’islam de terroristes mais pas de criminels ceux qui bombardent Ghaza, Damas, Aden… certainement par fidélité aux actes de leurs maîtres comme Truman, qui jette deux bombes atomiques sur le Japon, dans l’unique but d’amadouer l’URSS, de Gaulle qui bombarde pendant de longues années l’Algérie, des présidents étatsuniens qui font pire au Vietnam, Mohamed VI qui torture au Sahara Occidental ou Netanyahou qui génocide le peuple palestinien, à l’instar de leurs héros de la conquête du Nouveau Monde, en Afrique, en Asie et ils finissent par en commettre dans leur propre pays en Allemagne et ailleurs pendant la seconde grande guerre ! Dans ces pays, le Covid-19 rappelle ce désordre.
Les différentes races existent. On a le droit d’aimer ou de ne pas aimer la peau rouge, noire ou jaune mais de là à considérer l’une ou l’autre comme inférieure relève d’une méconnaissance de l’évolution de la nature et de l’origine de l’homme. Cette ignorance entretenue est dans l’intérêt du système capitaliste pour justifier les inégalités et le racisme.
Faut-il rappeler que Merkel a privé d’aide le peuple grec de quelques milliards de dollars et que le Covid-19 lui fait accoucher 750 d’une seule poussée après avoir fait de son pays le refuge de la mafia italienne, tout en acceptant la mainmise de l’argent des associations religieuses dans les grandes entreprises ? Macron, Netanyahou, Trump… sont les héritiers de ce racisme qui nourrit les organisations comme le Klu, Klux, Klan, fondé en 1866, qui prône la suprématie de la race blanche pour qui le Noir est un animal inférieur.
Tant qu’ils ne reconnaîtront pas que l’Homme est un animal évolué et d’une filiation unique, leurs extrémistes cultiveront la suprématie de l’homme blanc pour justifier leurs crimes. Le système capitaliste a intérêt à demeurer dans la sélection naturelle, ce moteur de l’histoire naturelle où «le plus fort a raison du plus faible». Cet intérêt l’empêche de constater que l’évolution, qui a comme origine les instincts sociaux, tend à inverser l’attitude de l’Homme pour le mener crescendo vers le principe que «le plus fort protège le plus faible», qui est et demeure la première marque de la civilisation !
Le système capitaliste se vante d’être libéral et à force de l’assimiler avec la nature pour le rendre éternel, c’est-à-dire sans alternative, il finit par accoucher d’animaux hypertéliques. L’oligarque, n’en est-il pas le prototype ! Ceux-là qui laissent mourir des citoyens au lieu de pourvoir le secteur de la santé et particulièrement les hôpitaux de moyens adéquats ne sont-ils pas des eugénistes ? Les pouvoirs occidentaux dans leur majorité sont pour cette sélection naturelle qu’ils pratiquaient dans les colonies et qu’ils finissent par pratiquer sur leur propre peuple car le gène de la bête est resté dans leur ADN. Ce gène ne peut être évacué que par la reconnaissance de leurs crimes.
L’intellectuel bourgeois et petit bourgeois sont mithridatisés par la culture dominante. Ils ne comprennent toujours pas que les intérêts du capitalisme sont la cause première de toutes les crises depuis le XVe siècle car leurs meilleurs idéologues dans les médias leur conseillent de passer de la lecture de Platon à celle de Kant et non à celle de Darwin et de Marx.
Dans l’histoire contemporaine, nous devons, pour assainir notre scène politique, tenir compte obligatoirement de l’expérience de toutes les luttes populaire et particulièrement de celle qui a fini par le coup d’Etat le 11 septembre 1973 avec l’assassinat du président Chilien Salvador Allende, et de la dislocation de l’URSS dont la cause principale est l’idéalisation du matérialisme. Le premier exemple montre que l’élection en faveur du peuple dans le monde capitaliste finit toujours par être remise en cause par la force dominante dans la région quand le deuxième fournit la preuve que la politique pour le changement doit obligatoirement emprunter la méthode matérialiste, dans le sens où seuls les faits et la preuve scientifique argumentent la scène publique.
Grâce à la résistance des peuples, le monde a évolué jusqu’à rendre possible le dépassement du système capitaliste et, si la lutte n’a toujours pas abouti, c’est principalement à cause de l’idéologisation des sciences dans les grandes universités et que diffuse H24 leurs médias sous forme d’opinions. Cette tendance qui dure depuis des décennies est mieux perçue grâce aux réseaux sur internet. Les débats contradictoires entre scientifiques sur le Covid-19 en sont des illustrations flagrantes.
Chadli, en reconnaissant anticonstitutionnellement le FIS, avait poussé l’Armée nationale populaire à la défensive face au terrorisme. L’ANP aurait dû saisir l’attaque de la caserne de Guemar comme l’occasion pour passer à l’offensive. Elle a tardé à le faire et, du coup, a raté l’argument à la déprogrammation des élections. C’est ce retard qui justifie sa condamnation aux yeux de ceux et celles qui font de son action de sauvegarde un coup d’Etat. Quand on est contre une action de défense, il faut, dans ce cas, dire quelle aurait été l’autre alternative, que celle de la prise de pouvoir par les islamistes, M. l’historien, et s’empêcher de fournir des arguments aux socio-démocrates du «qui tue qui», aux ONG et à la Réaction qui se braquent sur des généraux patriotes qui ont été licenciés par Bouteflika et s’empêcher aussi de qualifier les patriotes de miliciens, car sans leur mobilisation la lutte contre les maquis terroristes aurait été plus longue et plus meurtrière.
S. K.
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