Comment le régime de Rabat joue sur deux cordes avec Israël et les Arabes
Par Mabrouk S. – Depuis la «fin» du protectorat français, le Maroc joue sur deux cordes avec l’entité sioniste. En même temps qu’il envoyait ses troupes se battre aux côtés des armées arabes, il livrait au Mossad de précieux renseignements sur leurs capacités de combat. De même, tout en feignant défendre la ville palestinienne sainte, en tant que président du Comité El-Qods, il accueillait à Rabat les leaders israéliens Yitzhak Rabin et Shimon Peres.
Le journaliste israélien Jacques Benillouche a expliqué la raison de ce double jeu, en soulignant que le Maroc «a besoin des conseils des experts israéliens». En effet, si dans les années 1960, Hassan II a eu recours au Mossad pour éliminer Mehdi Ben Barka et protéger son trône, dans les années 1980, il a sollicité l’aide des experts israéliens pour la construction du mur de défense militaire de 2 500 km pour repousser les attaques des combattants du Front Polisario.
Aujourd’hui, précise Jacques Benillouche, la situation militaire marocaine risque de s’envenimer au sud avec le Polisario. Aussi le Makhzen compte-t-il sur Israël pour «consolider son implantation». Citant l’agence de presse iranienne Fars, le journaliste israélien note que «le royaume cherche à se doter d’avions équipés d’une technologie israélienne en matière d’espionnage, financés par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis».
La diplomatie marocaine est guidée par les besoins de soutien dans la question du Sahara Occidental. Pour assurer sa mainmise sur ce territoire riche en ressources naturelles, Rabat compte sur l’appui inconditionnel de la France, mais il a également besoin de celui des Etats-Unis, pays chargé de la rédaction du projet de résolution à voter au Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, les efforts marocains destinés à gagner la sympathie de Washington se heurtent aux relations plus ou moins étroites qui lient les Etats-Unis et l’Algérie dont l’expérience dans la lutte antiterroriste demeure sans pareille dans la région.
Ne pouvant pas établir des relations officielles avec l’Etat sioniste, le Maroc, à l’aide du Mossad, entretient l’illusion d’une entente parfaite avec Israël. D’après Jacob Cohen, cette mission est confiée au «lobby sioniste au Maroc, mené par le sayan (agent du Mossad, ndlr) André Azoulay, conseiller de la monarchie depuis quarante ans». «Tout est fait au Maroc pour raviver une flamme quasiment éteinte. Ceci pour permettre la visite d’Israéliens au Maroc, touristes, artistes, hommes d’affaires, pour pousser vers une normalisation officielle des relations israélo-marocaines», souligne l’écrivain natif de Meknès, au Maroc.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer tous les articles de la presse marocaine et israélienne qui n’hésite pas à désinformer pour attirer la sympathie du lobby sioniste aux Etats-Unis, dont on connaît l’influence sur les institutions américaines. A titre d’exemple, on peut citer une information diffusée en 2010 et en 2017 par des médias israéliens et relayée par la presse marocaine, prétendant «l’ouverture d’une liaison aérienne directe entre le Maroc et Israël».
Cette manipulation médiatique s’est avérée payante. Suite au vote de la dernière résolution sur le Sahara Occidental, la représentation américaine auprès des Nations unies a publié un communiqué de soutien officiel à la pseudo-solution d’autonomie marocaine.
M. S.
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