Les Emirats arabes interdisent l’entrée au pays aux ressortissants algériens
Par Houari A. – Les Emirats arabes unis viennent de suspendre la délivrance des visas aux Algériens, leur interdisant ainsi l’accès à ce pays «frère» jusqu’à nouvel ordre. Une décision officielle a été prise dans ce sens par les autorités émiraties qui, dans une circulaire adressée au service de l’immigration, stipule : «Conformément à la dernière circulaire publiée par le service de l’immigration, les demandes de visa d’entrée au pays, y compris les visas de travail, sont suspendues jusqu’à nouvel ordre pour les nationalités des pays suivants : Yémen, Syrie, Irak, Libye, Afghanistan, Pakistan, Somalie, Liban, Kenya, Tunisie, Algérie, Turquie et Iran.»
Cette note intervient au moment même où des médias algériens s’enorgueillissaient de la signature de nouveaux accords économiques entre l’Algérie et cet Etat du Golfe dont les positions dans les dossiers sahraoui, libyen et palestinien sont aux antipodes de celles de notre pays, au point où elles peuvent être considérées comme hostiles à nos intérêts géostratégiques.
Algeriepatriotique a relevé dans un précédent article la menace que la présence de firmes émiraties en Algérie faisait peser sur la sécurité du pays, dans la mesure où Israël et les Emirats arabes unis affichaient clairement leurs ambitions économiques en montant des projets d’investissements communs et en signant des accords visant à «renforcer la coopération en matière d’investissement, de tourisme et de technologie». Un domaine concernera l’Algérie directement : celui des ports.
De son côté, le politologue libanais Qassem Azzedine a expliqué, sur la chaîne Anya Info, que «les divergences profondes entre les Emirats arabes unis et l’Algérie ne datent pas d’aujourd’hui» et qu’elles «trouvent leurs origines dans le fait que les Emirats comptaient sur la corruption de quelques responsables algériens qui sont actuellement jugés à cause, entre autres, de leurs relations avec des dignitaires émiratis, dont Ahmed Hassan Al-Shibani».
«Mohamed Ben Zayed a essayé de faire pression sur l’Algérie au début de l’année par le biais des dossiers économiques, les Emirats espéraient pouvoir avoir la haute main sur l’économie algérienne, nourrissant de grandes ambitions dans le pays, notamment à travers les sociétés de tabacs et de gestion des ports, ainsi que leur médiation avec les Allemands pour le montage des véhicules militaires et civils, mais le ministère de la Défense algérien a repoussé cette entreprise hégémonique émiratie», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «C’est ce dossier principal qui domine la politique étrangère des Emirats arabes unis qui souhaitaient soumettre l’Algérie à ses desideratas, que ce soit dans le conflit libyen ou en rapport à d’autres dossiers, mais l’Algérie ne s’y est évidemment pas pliée.»
Toutes ces mises en garde n’ont pas suffi pour convaincre les autorités algériennes de l’impérieuse nécessité de couper les ponts avec cet émirat aux velléités expansionnistes, notamment après l’ouverture par le régime des Al-Nahyane d’un consulat dans la ville sahraouie occupée de Laâyoune. La réaction timide de l’Algérie s’est exprimée par la voix du ministre des Affaires étrangères qui a insisté sur la constance de la position algérienne mais, sans toutefois, condamner ouvertement l’atteinte au droit international par Abu Dhabi et les autres capitales qui ont décidé de lui emboîter le pas, rallumant ainsi la mèche mal éteinte de la guerre entre le Front Polisario et le Maroc.
En incluant l’Algérie «amie» dans la liste des pays dont les ressortissants sont interdits d’accéder au territoire émirati, c’est une véritable gifle que Ben Zayed vient d’infliger aux Algériens. Comment l’Algérie va-t-elle réagir à cet affront, d’autant que le Maroc ne fait pas partie des pays dont les ressortissants sont désormais considérés comme des parias ?
H. A.
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