A droite toute !
Par Mrizek Sahraoui – La stratégie d’Emmanuel Macron pour 2022 ? A droite toute ! Loin des explications filandreuses des éditorialistes avec des œillères en cuir pleine fleur, les observateurs non-alignés le disent sans détour. Selon ces derniers, la mission de porter et de mettre au diapason le programme et les nouveaux choix idéologiques du Président d’ici l’élection présidentielle est confiée aux épigones chargés de donner le rythme et de battre le tambour médiatique à l’envi.
Cette stratégie d’aller racler toutes les voix possibles à droite – à gauche, il ne reste que l’illusion et une perspective plus que jamais sombre – puis d’ouvrir la chasse à celles de l’extrême droite – d’aucuns s’accordent à dire que celle-ci est ouverte depuis un moment déjà – est délicate.
D’aucuns disent que cette démarche est porteuse, mais pourrait aussi s’avérer périlleuse. Porteuse, au regard des résultats obtenus par Donald Trump, qui est passé, il faut bien l’admettre, à deux doigts de la victoire. Pour rappel, le président américain sortant a récolté plus de 70 millions de voix, la plupart ayant été attribuées aux électeurs se disant «Blancs menacés d’Amérique», le reste aux Américains et Américaines d’obédience conservatrice, voire réactionnaire.
Il se trouve que cette catégorie d’électeurs existe aussi en France. Ils sont, en effet, nombreux les Français qui croient à la théorie du «Grand remplacement», se disant même menacés comme le seraient «notre culture et nos valeurs judéo-chrétiennes aux racines gréco-romaines», d’après Eric Zemmour, l’aboyeur professionnel de la galaxie réactionnaire.
Mais ce n’est pas seulement Eric Zemmour, l’allégorie de la déchéance morale et intellectuelle, qui porte en bandoulière les idées de la droite extrême. Le chef de l’Etat «ne cesse d’être obsédé par ce qu’il appelle lui-même le grand remplacement», a déclaré Marc Endeweld, journaliste et auteur, lors d’un grand entretien accordé à QG, une web-tv, le 23 novembre dernier.
Le journaliste, auteur du livre Grand Manipulateur, enquête sur les réseaux secrets de Macron, a révélé des propos pour le moins surprenants, qui seraient tenus en privé par Emmanuel Macron au sujet de la laïcité et l’immigration.
Selon Marc Endeweld, «Emmanuel Macron pense en réalité comme une bonne partie de la droite la plus réactionnaire. La laïcité est un paravent pour être un combat contre l’islam et pour protéger l’identité chrétienne de la France. Il considère que la France reste majoritairement chrétienne. Il le pense véritablement.»
Ces propos, selon d’autres commentateurs de médias qui se définissent comme des résistants, viennent confirmer «le virage autoritaire de Macron», amorcé, explique-t-on, dès l’entame de son mandat. Le traitement réservé, notamment, à la protestation des Gilets jaunes, aux différents rassemblements contre la loi sur les retraites et, plus récemment, à l’occupation de la Place de la République par des migrants en sont, s’est indigné un député de la France Insoumise, la parfaite illustration.
En raison d’un bilan mitigé, d’une gestion chaotique de la pandémie due au Covid-19 qui a fait, à ce jour, plus de 50 000 morts, au regard des difficultés sociales contre lesquelles l’Exécutif n’a pas su apporter les solutions attendues – les Restos du Cœur s’apprêtent à recevoir plus d’un million de bénéficiaires pour la campagne hivernale –, Emmanuel Macron, pour sauver son quadriennat, 2020 étant une année blanche au cours de laquelle aucune réforme n’a été engagée, n’a pas d’autre choix que d’aller porter des coups d’encensoir à cet électorat de la droite conservatrice, nationaliste, à la recherche de celui qui sauvera la France, dont Emmanuel Macron semble vouloir en être l’incarnation.
C’est ainsi, parient de nombreux observateurs, qu’il pourrait réussir la quadrature du cercle et gagner dans quinze mois. Seulement voilà, avec la même stratégie, Donald Trump a fini par perdre… Et c’est en cela que la manœuvre est risquée.
M. S.
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