La main à la caisse
Par Mrizek Sahraoui – Tous les pays, y compris les plus riches, se sont retrouvés totalement démunis face au désastre sanitaire provoqué par le Covid-19. Mais certains, les pauvres, le sont d’autant plus qu’ils sont directement frappés de plein fouet par le virus lui-même et, aussi, par les effets directs ou retardés de la pandémie, des dommages collatéraux qu’il faudra quantifier tantôt.
Si, pour l’heure, personne ne peut prétendre connaître ce que sera l’ampleur du drame planétaire qui est en train de s’écrire sous nos yeux, et quand les scientifiques seront catégoriques sur l’efficacité d’un quelconque traitement, qu’il s’agisse d’un vaccin ou de toute autre thérapie médicamenteuse, qui viendra sûrement à un moment ou un autre endiguer la pandémie, il est, en revanche, possible d’établir le constat de la situation dans les pays défavorisés, en s’appuyant, faute de mieux, sur les données fournies par les ONG ou, plus rares, par les Léviathan internationaux, le FMI et la Banque mondiale, qui se contentent d’avancer des chiffres et de remplir des tableaux Excel au lieu de mettre la main à la caisse, non pour maquiller des dettes en dons, mais pour apporter des aides substantielles destinées à amortir le choc de la crise sanitaire mondiale et au développement.
Les conclusions du dernier rapport de l’ONG Oxfam, intitulé «A l’abri de la tempête», sont édifiantes, indiquant que 2,7 milliards de personnes ne disposent pas de protection sociale face à la crise économique. Cette étude, qui n’a pas bénéficié d’un large écho médiatique, a examiné dans le détail les aides sociales accordées dans 126 pays à faible et moyen revenus. Il en ressort que «plus d’un tiers de la population mondiale n’a pas reçu d’argent public pour faire face à la pandémie».
Le fossé entre les programmes de protection mis en place dans les pays riches et ceux, lorsqu’ils existent, des pays pauvres, est abyssal. De la somme astronomique (9 600 milliards d’euros supplémentaires) mobilisée cette année pour pallier les pertes spécifiques résultant des conséquences de la pandémie, 83% de cette somme sont dépensés par 36 pays riches. Seul 0,4% de cette manne est déboursé par 59 pays pauvres, a fait remarquer le rapport d’Oxfam.
Chez les uns, on a dépensé 695 dollars par personne ; chez les autres, les aides ont péniblement oscillé entre 4 et 28 dollars par habitant, a encore indiqué l’étude. Et la directrice d’Oxfam, Gabriela Bucher, de souligner que «le coronavirus a uni le monde dans la peur mais l’a divisé dans sa réponse».
Et une réponse appropriée devra être apportée très rapidement au sujet des aides à l’acquisition du vaccin anti-Covid qui nécessite, dit-on, une chaîne logistique complexe. Si les pays riches sont à un stade avancé dans leurs campagnes vaccinales, au niveau des pays pauvres ou à moyens revenus, l’heure est à l’expectative, faute de politique sanitaire viable à long terme.
M. S.
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