El-Othmani signe l’acte de mariage des Frères musulmans avec l’Etat d’Israël
Par Kamel M. – C’est au Premier ministre islamiste Saâd-Eddine El-Othmani qu’est revenu l’«honneur» de parapher le document scellant le mariage officiel entre le Maroc et l’Etat hébreu. Le signataire côté marocain, s’il représente le Makhzen, n’en est pas moins l’ambassadeur des Frères musulmans au Maroc où le Parti de la justice et du développement (PJD) cohabite avec la monarchie qui lui a confié les rênes du pays après le soulèvement populaire de 2011 qui a failli balayer la monarchie.
En signant la déclaration conjointe qui a couronné la visite au Maroc, ce mardi, de la délégation américano-israélienne de haut niveau, Saâd-Eddine El-Othmani et son parti cautionnent ainsi la normalisation avec l’entité sioniste après avoir longtemps claironné leur soutien «indéfectible» et «inconditionnel» aux Palestiniens victimes du blocus israélien. Le document sur lequel le Premier ministre islamiste a apposé sa signature loue «l’ouverture d’une ère nouvelle dans les relations entre le royaume du Maroc et l’Etat d’Israël».
Usant de leur fourberie habituelle, les Frères musulmans ont embaumé l’acte de mariage d’un adoucissant en «[réitérant] la position cohérente, constante et inchangée du royaume du Maroc sur la question palestinienne, ainsi que la position exprimée sur l’importance de préserver le statut spécial de la ville sacrée de Jérusalem pour les trois religions monothéistes». Cet alinéa, insiste le signataire islamiste, émane de la «qualité» de Mohammed VI en tant que «président du comité Al-Qods». Voilà qui devrait rassurer les Palestiniens, donc. Le roi du Maroc, dont il est précisé qu’il est l’ami du Premier ministre israélien, continuera de veiller sur le troisième Lieu saint de l’islam tout en pactisant avec le régime raciste de Tel-Aviv.
Sinon, hormis la question palestinienne subsidiaire, secondaire, la déclaration attestée par le représentant des Frères musulmans au Maroc certifie que le Makhzen et Israël sont «conscients que l’établissement de relations diplomatiques complètes, pacifiques et amicales est dans l’intérêt commun des deux pays». Tant et si bien, d’ailleurs, que le roi Mohammed VI «a confirmé l’intention du royaume du Maroc et de l’Etat d’Israël d’accorder les autorisations de vols directs entre le Maroc et Israël, y compris via les compagnies aériennes israélienne et marocaine et d’octroyer des droits de survol et de reprendre sans délai les contacts officiels pleins et entiers entre homologues marocains et israéliens».
Comme il s’engage à «promouvoir une coopération économique bilatérale dynamique et innovante, de poursuivre la coopération dans les domaines du commerce, de la finance et de l’investissement, en matière d’innovation et de technologie, d’aviation civile, de visas et de services consulaires, de tourisme, d’eau, d’agriculture et de sécurité alimentaire, de développement, d’énergie et de télécommunications et dans d’autres secteurs qui pourraient être définis d’un commun accord et de procéder à la réouverture des bureaux de liaison à Rabat et à Tel-Aviv».
Enfin, les signataires du traité de capitulation du Maroc sont convenus de «s’engager» à en «respecter pleinement les dispositions, à les promouvoir et à les défendre et de convenir que chaque partie aura pleinement honoré ses engagements avant fin janvier, et qu’elle aura identifié des actions nouvelles».
La qualité du représentant israélien à qui Benyamin Netanyahou a confié la mission de signer le document suffit à en clarifier la nature. Ce n’est ni le ministre des Affaires étrangères ni encore moins l’homologue israélien de Saâd-Eddine El-Othmani qui a joint sa griffe à celle de ses deux cosignataires américain et israélien, mais le conseiller à la sécurité nationale de l’Etat, Meir Ben-Shabbat. Mohammed VI aurait pu charger son ministre des Affaires étrangères de cette mission avilissante, mais il semble qu’il ait voulu compromettre les islamistes pour étouffer dans l’œuf toute contestation.
K. M.
Comment (39)