Toufik, Tartag, Saïd et Hanoune : «Le véritable complot a eu lieu ailleurs !»
Par Karim B. – «Je demande l’application de la loi, rien que la loi.» La loi a été appliquée à la lettre et les quatre accusés ont été acquittés. Le réquisitoire du procureur de la République a été salué par l’ensemble des avocats des prévenus, heureux de se retrouver dans un tribunal enfin délivré des intrigues de Boussis et Mohamedi et face à des magistrats militaires intègres, chargés de rendre un verdict dans l’affaire d’un complot qui a véritablement eu lieu, mais pas là où ses véritables auteurs ont voulu le faire croire.
«Le véritable complot s’est tramé dans la 4e Région militaire», a objecté le général Tartag, successeur du général Toufik à la tête de la Coordination des services de sécurité (CSS), succédané du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). «Je ne comprends pas comment les médias ont répandu des insanités à notre encontre sans que personne bouge le petit doigt», s’est indignée Louisa Hanoune, la pasionaria trotskiste, leader du Parti des travailleurs. L’avocat Miloud Brahimi s’est, lui, étonné que deux articles – 77 et 78 – du Code pénal aient servi à impliquer les quatre accusés alors qu’ils sont aux antipodes des griefs qui ont été fabriqués de toute pièce contre eux par Ahmed Gaïd-Salah et Wassini Bouazza. Toufik, réservé, a préféré garder le meilleur pour «plus tard», quand «ce sera le moment de tout dire», a-t-il répondu au juge, en guise de dernier mot.
En somme, l’acquittement prononcé par la Cour d’appel militaire de Blida au profit de tous les accusés est, quelque part, une condamnation implicite de ceux-là mêmes qui ont ourdi cette cabale contre des hommes d’Etat qui, tous, ont rejeté de la façon la plus vigoureuse la charge de la conjuration qui leur a été imputée par l’ancien vice-ministre de la Défense et son directeur de la sécurité intérieure, qui croupit dans les geôles de Blida pendant que ses victimes en sortent lavés du soupçon captieux de manigance contre le pays.
Le général Tartag, en évoquant la 4e Région militaire, pointe vraisemblablement le doigt vers l’attaque du site gazier de Tiguentourine, en janvier 2013, qui s’est soldée, outre l’élimination des terroristes infiltrés via la frontière libyenne, par l’arrestation du général Hassan qui aura passé cinq longues années derrière les barreaux après avoir accompli avec brio la mission délicate que lui avait confiée son chef hiérarchique, le général Toufik. Gaïd-Salah avait, alors, convaincu Bouteflika que le DRS planifiait de l’assassiner (sic). Tout n’a pas été dit sur cet autre épisode peu glorieux du passage de Gaïd-Salah à la tête de l’ANP, mais il semble que le général Toufik ne compte pas quitter ce monde sans avoir fait éclater au grand jour la vérité sur des faits dont il a affirmé devant le juge que «ce n’est ni le lieu ni le moment d’en parler».
Le complot, c’est Wassini Bouazza qui l’a fomenté du début jusqu’à la fin. Le journaliste exilé à Londres Saïd Bensedira a admis, dans un récent enregistrement vidéo, avoir été manipulé par l’ancien patron de la sécurité intérieure qui lui a fourgué la fausse décision de mise à la retraite du général Gaïd-Salah, en lui faisant croire que la personne qui lui refilait le tuyau «authentifié» par une copie du «décret présidentiel» lui parlait en présence de Saïd Bouteflika dont il était l’intermédiaire.
Le youtubeur très suivi sur les réseaux sociaux a expliqué que Bouazza a poussé la diabolique manipulation jusqu’à adresser le même faux communiqué aux chaînes privées à sa solde, en l’attribuant au frère de l’ex-président Bouteflika, avant de le faire bloquer in extrémis sur son ordre exprès pour brouiller les pistes et convaincre Gaïd-Salah et les médias qu’il s’agissait bien d’une tentative de limogeage du chef d’état-major par le conseiller «conspirateur» qui a pris possession des sceaux de la République.
C’est à partir de cette machination diabolique que le véritable complot s’est enclenché, provoquant une crise inextricable et privant le pays d’une transition politique calme et sereine.
K. B.
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