Cet avantage éclipsé par les lingots d’or et dont Ahmed Ouyahia s’est aussi servi
Par Abdelkader S. – L’ampleur du choc provoqué par la confession fracassante d’Ahmed Ouyahia sur les lingots d’or obtenus des émirs du Golfe et revendus au marché noir a éclipsé une autre révélation qui confirme la rapine, devenue la devise principale sous Bouteflika, dont l’ancien ministre a également révélé devant le juge avoir fait profiter ses deux enfants de la manne de l’Ansej, le mécanisme d’aide à la création d’entreprises destiné aux jeunes chômeurs.
Ahmed Ouyahia a nié avoir accordé un quelconque avantage aux hommes d’affaires jugés dans l’affaire du montage automobile, mais a admis que ses deux enfants ont bénéficié de crédits accordés par l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes, dénommée Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat depuis novembre 2020. L’un pour la création d’une entreprise d’impression et l’autre d’une société spécialisée dans la sécurité informatique. La question que d’aucuns se posent, c’est de savoir si les enfants d’un haut fonctionnaire étaient prioritaires pour l’octroi de tels crédits alors que des jeunes de condition plus modeste sont censés en être les premiers destinataires.
Il n’est un secret pour personne que les hauts fonctionnaires qui abusent de leur position assurent à leurs enfants des marchés avant même que soient constituées leurs entités économiques. Ces heureux bénéficiaires manient l’argent à la pelle dans des secteurs juteux comme la communication, notamment, où des agences sont créées pour capter l’argent de ces mêmes hommes d’affaires qui obtenaient des avantages en contrepartie de contrats lucratifs avec les grands groupes constitués à l’ombre du règne de Bouteflika. Combien d’enfants de hauts responsables se sont enrichis à travers ce mécanisme qui a exclu des milliers de jeunes méritants et laissé sur le carreau des milliers d’autres qui se sont cassé les dents faute de débouchés pour leurs produits, accumulant les dettes et incapables de rembourser les prêts ?
La rapine prenait aussi d’autres formes. Algeriepatriotique avait dénoncé, dès 2012, le détournement de la manne publicitaire étatique par des dignitaires du régime. Une pratique qui remonte à l’ère Zeroual, soit au milieu des années 1990 lorsque le même Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, signait un décret instituant le monopole de l’Etat sur les annonces institutionnelles. L’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) se transformera, dès lors, en une machine à sous au bénéfice de quelques gros pontes du système qui se mettront à créer des journaux factices pour accaparer les milliards de dinars des collectivités locales, principales pourvoyeuses d’encarts publicitaires.
Outre ces deux leviers, les postes dans des entreprises au profil intéressant étaient également l’apanage d’enfants de gros manitous durant le long règne sans partage de Bouteflika et de sa clientèle politico-économique. C’est ainsi qu’un étage entier était réservé aux «fils de…» dans le somptueux siège de Sonatrach à Hydra, surnommé sarcastiquement la «pouponnière» par les travailleurs de la compagnie pétrolière nationale. Air Algérie est une autre entreprise aux nombreux avantages qui font saliver les pistonnés qui se voient bombardés chefs d’escale ou agents dans les agences disséminées dans les villes européennes de leur choix.
Un système de renvoi d’ascenseur et d’échange de bons procédés qui a profité à une poignée de fonctionnaires et d’affairistes véreux au détriment des intérêts de tout un pays et de tout un peuple anesthésié par les sujets subsidiaires insignifiants dont les gavent les charlatans, les discoureurs et les amuseurs dans les médias, les mosquées et les stades de foot.
A. S.
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