L’autre menace
Par Mrizek Sahraoui – Il eut fallu attendre 2001 et les attentats contre le World Trade Center pour que l’Occident prenne conscience du danger du terrorisme islamiste. Il aura nécessité à ce même Occident une double décennie depuis, jusqu’à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, afin de réaliser, enfin, que le national-populisme est l’autre menace qui pèse à laquelle les vieilles démocraties occidentales devront désormais faire face.
En tous cas, quoi qu’il se produira, compte tenu de la crainte que les pro-Trump marchent sur Washington dans les prochains jours, ou fera Trump de pire que l’incitation à l’insurrection d’ici l’investiture de son successeur, le monde se sera déjà fait un avis exhaustif sur le danger que représente un pouvoir populiste démocratiquement élu. Le moins que l’on puisse finalement déduire est qu’à quelque chose le mandat Trump aura été utile : dessiller les yeux.
Jusqu’à avant que le président qui aura plongé son pays dans une crise institutionnelle jamais observée dans l’histoire américaine ne montre de quoi est capable un populiste une fois élu, l’Occident, autrefois base arrière garantissant gîte, couvert et protection à tous les fanatiques religieux venus d’ailleurs, n’a pris conscience que du danger lié au terrorisme islamiste. Les démocraties occidentales auront désormais deux fers au feu, le terrorisme djihadiste et le national-populisme, des alliés objectifs à regarder de près.
Le populisme et tout ce que ce courant politique démagogique subsume comme autres mouvances racistes, en l’occurrence l’extrême droite, avec son bras armé l’ultra-droite, capable, elle, du pire comme du crime, sont dans le collimateur des services de renseignement, bien plus après l’assaut donné contre le naos de la démocratie américaine.
Ce n’est pas un simple élément de langage quand le président français dit, juste après l’attaque du Capitole : «Nous ne céderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause la démocratie.» Venant d’Emmanuel Macron, lui, qui, lorsque des Gilets jaunes voulurent s’emparer du palais de l’Elysée, passa à un cheveu de revivre l’épisode de la fuite à Varennes, de tels propos sonnent comme un avertissement à l’endroit de ceux qui seraient tentés par le non-respect des valeurs de la République et des institutions, autrement dit, retour des années trente et résurgence du monstre.
Washington, la capitale fédérale calfeutrée, barricadée, le Capitole transformé en campement pour la Garde nationale, qui l’eût dit ? L’obstination de Donald Trump, le milliardaire qui a fait croire qu’il est le représentant du petit peuple, à nier sa défaite aura permis de percer au grand jour et une bonne fois pour toutes la nature exacte des populistes, partout à la conquête du pouvoir. Par tous les moyens.
M. S.
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