Redéfinir la puissance
Par Bachir Medjahed – Nous sommes invités à prendre connaissance du classement opéré des puissances militaires. D’abord, à quelle logique obéit cette démarche ? On se rappelle que l’Irak était estimé au rang de quatrième puissance militaire mondiale. Cette estimation, comme tout le monde le sait, était une opération américaine de propagande pour justifier la constitution d’une coalition contre l’armée irakienne. On a vu le résultat sur le terrain. II n’y avait pas eu de guerre : d’un côté, l’Irak ; de l’autre, des forces d’anéantissement.
A quoi et à qui les classements servent-ils ? Un rassemblement de matériels peut-il être comptabilisé comme puissance ? Puisque le concept de puissance est évoqué et non pas la nocivité, il faudrait nous en définir les facteurs immatériels de puissance. Raser une ville ou plus ? Capacité à occuper un territoire ciblé ? Détruire toutes les infrastructures civiles surtout et enfin militaires ? Capacité à imposer sa propre volonté ?
Il faudrait d’abord définir les menaces, ensuite les parades, fixer la puissance de leur neutralisation et, enfin, évaluer le rang de puissances nécessaires à cette neutralisation. La capacité à bombarder des populations étant une puissance définie n’est pas le même lorsque les cibles définies sont aussi différentes. Dans le cas de l’Irak, par exemple, quand bien même le rang de puissance pouvait être vrai, alors que l’on sait tous que c’était faux, la notion de puissance ne saurait être appropriée car elle ignore volontairement les concepts d’alliance et de coalition.
On doit tenir compte du fait qu’il n’y a plus de guerre opposant deux pays, du fait qu’on a vu que ce XXIe siècle s’est ouvert sur des coalitions de puissances contre une «puissance» isolée.
B. M.
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