Selon plusieurs études : la France sous la menace d’une violente crise sociale
De Paris, Mrizek Sahraoui – En plus d’être confrontée à la difficulté de juguler la pandémie, la France serait sous la menace d’une crise sociale violente, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Espagne, selon une étude de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) qui souligne «une crise très différenciée avec de grands écarts, potentiellement problématiques en termes de cohésion sociale et de risque politique».
Des inégalités entre les plus riches et les moins nantis qui «se sont creusées» au fil d’un contexte de pandémie sans fin, a indiqué de son côté l’ONG Oxfam dans son dernier rapport annuel. Une disharmonie sociale pouvant, a noté la Coface, conduire à la réédition de l’épisode des protestations des Gilets jaunes, la hantise du président Macron à quelques encablures de l’élection présidentielle.
Entre les plus riches, dont, majoritairement, font partie les patrons des grands groupes du Cac 40 et une bonne part de la classe politique bien à l’abri, et les pauvres rejoints au classement par la classe moyenne, tirée, elle, vers le bas par une politique discriminatoire et sous les effets de la crise sanitaire qui a durement frappé la France, l’écart s’est élargi depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, accusent des élus d’opposition.
C’est un grand fossé qui sépare ces deux catégories de citoyens, l’une ayant bénéficié de largesses considérables en matière de ristournes d’impôts, tandis que l’autre payant les frais d’une politique libérale drapée sous les oripeaux d’un discours social et écologique et la bannière d’une République égalitaire – en théorie – mais qui, à rebours des promesses électorales du candidat Macron, laisse sur le carreau des pans entiers de la population.
La précarité toujours en hausse qui ne fait que commencer, d’après les associations caritatives, a gagné toutes les catégories sociales, du demandeur d’emploi au salarié avec un revenu moyen et aux petits commerçants, notamment les restaurateurs dont l’avenir pour une grande majorité d’entre eux est incertain, en passant par la communauté estudiantine et la jeunesse en général.
Les images, qui n’ont ni bénéficié d’une large couverture médiatique ni n’ont fait la Une des journaux télévisés, montrant une longue file d’étudiants devant les locaux d’une banque alimentaire dans le sud de Paris, sont la preuve que les choses vont très mal. Le «quoi qu’il en coûte», le mantra qui a accompagné les annonces présidentielles, n’aurait pas bénéficié à tous, surtout aux étudiants qui ont perdu en pouvoir d’achat à la suite de la perte des petits emplois qui, par le passé, leur permettaient de financer leurs études et de faire face à leurs dépenses quotidiennes.
La stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, un thème mis sous le boisseau, éclipsé par la pandémie et les débats infinis sur les séparatismes, une question qui vient loin derrière dans les préoccupations du peuple français, s’est avérée inefficace. Dans la mesure où 15% des Français, soit 9,3 millions de personnes, vivent sous le seuil de pauvreté. En 2020, le pouvoir d’achat en France s’est classé au 15e rang européen sur 42 pays observés, selon l’étude européenne Purchasing Power Europe 2020 de l’Institut d’études et d’audit marketing allemand GFK.
M. S.
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