Belhimer accuse implicitement Haddad d’être derrière les appels à manifester
Par Kamel M. – Le ministre de la Communication est catégorique. «S’agissant des résidus de l’ancien système, […] l’accumulation effrénée de ressources financières qu’ils ont réussi à opérer et le positionnement de leurs relais dans tous les appareils d’Etat et à tous les niveaux de décision leur confèrent naturellement une force de frappe qui n’a pas encore été totalement contenue ou neutralisée. Ils escomptent un retour aux affaires et aux commandes à l’aide de marches quotidiennes là où elles peuvent être tenues, appuyant, notamment, sur des mots d’ordre hostiles à l’institution militaire et aux services de sécurité», a-t-il affirmé dans son entretien au Soir d’Algérie.
Le porte-parole du gouvernement accuse, ainsi, directement, bien qu’il ne les cite pas, l’ancien patron du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Ali Haddad, et les autres hommes d’affaires emprisonnés d’être les instigateurs des appels à la reprise du Hirak et les auteurs des campagnes virulentes qui visent les institutions de l’Etat, au premier rang desquelles, l’armée. Amar Belhimer a-t-il les preuves de ce qu’il avance ou ne sont-ce que des supputations ? On n’en saura rien, en lisant la longue interview en long et en large. Car, hormis cette affirmation, les déclarations de l’ancien journaliste ressemblent, à s’y méprendre, au discours du FLN à l’ère du parti unique.
Contredisant le président de la République et le Premier ministre qui font montre de plus de retenue et d’honnêteté dans leur description de la situation générale du pays, le ministre de la Communication a brossé un tableau idyllique de l’Algérie pendant que les citoyens ne cachent pas leur agacement face à la persistance des vieux réflexes ataviques hérités du long règne de Bouteflika. Même son homologue de la Justice n’a pu retenir sa colère devant les lenteurs bureaucratiques, allant jusqu’à les qualifier de «rébellion».
De son côté, le chef de l’Etat avait admis, avant de prendre l’avion qui devait le conduire en Allemagne pour s’y faire soigner, que le bilan du gouvernement Djerad était mitigé. «Il y a du bon et du mauvais», avait-il affirmé en laissant entrevoir un fort probable remaniement ministériel en profondeur dès son retour. Amar Belhimer a-t-il voulu se mettre en avant et montrer qu’il fait partie de ceux dont le chef de l’Etat estime qu’ils remplissent leur mission convenablement ? On serait tentés de le croire si on se réfère aux parties de son entretien fleuve consacré au décret sur la presse électronique et dans lesquelles il réitère sa conviction que la prison est la panacée, rejoignant, cette fois-ci, le garde des Sceaux qui promettait, lui aussi, le gnouf aux fonctionnaires cossards.
Ce au moment où des bruits persistants font état de changements profonds que le président Tebboune opérera dans les heures et les jours à venir. Le virage est déjà enclenché, affirme-t-on, et l’annonce du nouveau gouvernement n’est qu’une question de temps. Si les ministres de l’Industrie, du Commerce, de la Culture, des Sports, de l’Enseignement supérieur seraient sur la sellette en raison de la gestion catastrophique de leurs secteurs respectifs, une vingtaine d’autres seraient sur la liste des partants.
Une autre preuve que l’églogue du porte-parole exalté est surfaite.
K. M.
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