L’incohérence de la politique économique actuelle rend sa révision urgente
Contribution du Dr Abderrahmane Mebtoul – Privilégier le volet politique au détriment de l’économique, en cas de retour au FMI courant 2022, remettra forcément en cause les réformes politiques que l’on veut engager avec des conditionnalités draconiennes sur le plan social, économique, voire sécuritaire et géostratégique. Dans ce cas, les réformes seront dictées indirectement, quel que soit le gouvernement, de l’extérieur. D’où l’importance, tout en n’oubliant pas le volet des réformes politiques afin de mettre en place des institutions crédibles, de privilégier le redressement économique, garant de la sécurité nationale. Car la situation socio-économique est préoccupante, selon l’avis de la majorité des experts nationaux et internationaux, résultante tant des politiques passées 2000-2019 que de l’incohérence de la politique économique actuelle qui rend urgente sa révision, loin des promesses utopiques et démagogiques, source de névrose collective.
La dissolution annoncée par le président de la République de l’APN permettra-t-elle lors des nouvelles élections législatives, en principe au mois de juin 2021, de faire émerger de nouvelles forces politiques crédibles qui seront fonction du taux de participation ? Car s’impose un profond changement, ce qui implique de bien analyser les aspirations de la société, au moment où le monde traverse des bouleversements politiques, sociaux et économiques, où l’Algérie est interpellée par quelque 70% de sa population revendiquant de véritables réformes démocratiques tenant compte de sa riche anthropologie culturelle – condition d’un développement harmonieux et durable face aux nouvelles mutations mondiales s’imposent.
Nous devons rendre un grand hommage à notre jeunesse qui n’a pas connu le drame des années 1990-1999 et veut un changement. Saluons sa maturité politique et les marches pacifiques sans violence, où les partis politiques, toutes tendances confondues, n’ont joué aucun rôle pour la mobilisation. Saluons aussi nos forces de sécurité et l’ANP qui ont su gérer d’une manière moderne ces évènements. Selon certaines sources, le nombre de partis dépasse la soixantaine, souvent avec des alliances contre nature alors que, dans les pays démocratiques, ces alliances se font par affinité idéologique et sur un programme clair.
Aussi, excepté une dizaine d’entre eux, les autres manifestent une présence formelle et ostentatoire lors des élections meublant le vide, impuissants presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Quant à la société civile avec différents courants idéologiques contradictoires, elle est éclatée. Contrairement aux idées reçues et illusoires des années passées, dans un contexte de désintégration sociale et d’une jeunesse «parabolée», la majorité des confréries religieuses officielles ont de moins en moins d’impact. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion et rendent impérative une réflexion urgente pour sa restructuration.
La dynamisation du système partisan et de la société civile afin d’en faire un instrument efficace d’encadrement de forces vives et un levier puissant de leur mobilisation n’a de chance de réussir que si le mouvement qui le compose ne soit pas au service d’ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses.
A. M.
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