Rachad élimine les figures gênantes du Hirak phagocyté par les islamistes
Par Mohamed K. – Rachad élimine toutes les figures de proue du Hirak soit parce qu’elles lui font de l’ombre, soit parce qu’elles s’opposent à ses velléités hégémoniques sur le mouvement de contestation populaire récupéré, depuis plusieurs mois, par les islamistes. La dernière à recevoir un «avertissement» en bonne et due forme est l’avocate et néanmoins présidente du parti de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul.
«Tu ne représentes pas le Hirak, tiens-toi-le bien pour dit !» a pesté un groupe de jeunes à l’endroit de la militante lors de la marche du 22 février à Alger. L’interpellation est loin d’être un cas isolé, relèvent des sources informées. C’est, selon elles, bel et bien une mise en garde des islamistes qui commencent à «faire le ménage». Une «décantation» qui ne cible pas uniquement les «symboles démocratiques et républicains», mais s’étend à leur propre camp, puisque Samir Benlarbi, pourtant proche de l’ancien numéro deux du FIS, Ali Benhadj, en a, lui aussi, fait les frais pour avoir «osé» porter un jugement défavorable sur les agitateurs outre-mer de Rachad qui actionnent leurs éléments en Algérie à partir de Londres, Paris et Genève.
Avant eux, de nombreuses personnalités qui étaient pressenties pour assurer une période de transition sereine après le départ forcé d’Abdelaziz Bouteflika avaient été vouées aux gémonies, parmi lesquelles l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, l’ex-ministre de la Communication et diplomate, Abdelaziz Rahabi, et le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali. Trois démocrates dont la présence au sein du Hirak gênait au plus haut point le FIS, qui renaît sous le vocable de Rachad.
Si la tenue a changé – le kamis et la barbe ne sont plus de mise –, les pratiques sont toujours les mêmes. C’est ainsi que Sofiane Djilali se faisait rabrouer manu militari du cimetière lors de l’enterrement du moudjahid Lakhdar Bouregâa et que Samir Benlarbi se verra intimer l’ordre de quitter la marche de Kherrata, dans la wilaya de Béjaïa, le 16 février dernier. Zoubida Assoul a eu droit à son admonestation, en attendant d’autres éléments à «éliminer» pour que ne subsistent que les thuriféraires de l’organisation islamiste créée et financée par les services secrets marocains.
Ce n’est pas pour rien qu’un autre animateur du Hirak, Fodil Boumala, a posté une vidéo ce jeudi pour mettre en garde contre les tiraillements qui traversent le mouvement. Tiraillements qu’il impute à la «contre-révolution» – traduire le pouvoir et ses services secrets – pour une raison évidente : éviter de se faire étriller à son tour ce vendredi ou le prochain. A-t-il senti son tour venu ?
M. K.
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