Une association accuse la «justice du téléphone» française d’obéir à Israël
Par Nabil D. – Un appel a été lancé pour soutenir la militante antisioniste Olivia Zemor, directrice de publication d’Europalestine. Cette dernière a été convoquée par le tribunal de Lyon pour ses campagnes appelant au boycott des produits israéliens et à des sanctions à l’encontre du régime raciste de Tel-Aviv.
«Le gouvernement entend continuer à manier le chantage à l’antisémitisme et passer outre les décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme. Nous devons lui montrer qu’il se trompe et qu’il a tort de céder aux exigences des supporters de la colonisation israélienne», lit-on dans l’appel aux rassemblements prévus à Paris et à Lyon. «Le procès contre Olivia Zemor, présidente de l’association CAPJPO-Europalestine, le 16 mars prochain à Lyon, est l’occasion d’une mobilisation unitaire car les instructions données aux magistrats par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, de condamner les militants de la campagne BDS sont inacceptables», dénoncent les initiateurs de cette mobilisation.
En avril 2015 et novembre 2016, l’association à laquelle appartient Olivia Zemor avait organisé des points d’information auprès des clients de la «Grande Pharmacie lyonnaise» dans le cadre de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissements, Sanctions). Elle dénonçait l’entreprise pharmaceutique israélienne TEVA, première productrice de médicaments génériques au monde, qui, expliquaient les manifestants, «par son apport financier à l’Etat d’Israël, contribue au financement des opérations militaires à Gaza, au développement de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, au mépris des droits du peuple palestinien et des résolutions internationales».
Cinq ans plus tard, Olivia Zemor est convoquée devant le tribunal de Lyon, à la demande de la société TEVA, pour avoir relayé les actions de l’association. «Malgré un arrêt retentissant de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), qui a confirmé en juin dernier la légitimité du boycott citoyen d’un Etat pour motifs politiques et a condamné l’Etat français, ce dernier tente d’entraîner la justice dans un déni du droit européen», s’insurgent les auteurs de l’appel aux rassemblements.
«Dans sa décision, ajoute le collectif, la Cour européenne souligne pourtant que les actions et les propos reprochés aux requérants concernaient un sujet d’intérêt général, celui du respect du droit international public par l’Etat d’Israël et de la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, et s’inscrivaient dans un débat contemporain, ouvert en France comme dans toute la communauté internationale.» La Cour européenne a souligné que ces actions «relèvent de l’expression politique et militante».
L’association accuse le ministre français de la Justice qui, «dans une récente circulaire, se met au service des officines pro-israéliennes». «Faisant mine d’ignorer la portée de l’arrêt de la CEDH, Eric Dupond-Moretti se permet d’enjoindre tous les parquets de France de maintenir les poursuites contre la campagne BDS et de tenter d’obtenir, au mépris du droit, des condamnations», s’indignent les membres de l’association CAPJPO-Europalestine pour laquelle «ce procès du 16 mars est important».
N. D.
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