Contribution de Saadeddine Kouidri – Deux mensonges français sur l’Algérie
Contribution de Saadeddine Kouidri – Le pouvoir français ne fait qu’occulter l’histoire de la résistance des peuples, celle des Africains et particulièrement celle du peuple algérien pour la survie face au génocide qu’avait entamé leur armée coloniale. Pour sa colonisation de peuplement, il voulait donc implanter une population occidentale à la place des Algériens. La résistance populaire, sous la direction éclairée, courageuse, flamboyante de ses poètes et guerriers, dont l’Emir Abdelkader, l’a dissuadé de ce génocide au prix de plusieurs millions de morts et de 100 000 soldats français tués entre 1830 et 1848.
Plus d’un siècle plus tard, elle déclare la guerre à notre mémoire confiée à ses historiens, qui font de la lutte de libération des Algériens déclenchée le 1er Novembre 1954 une guerre civile, dans le but de transformer sa défaite en victoire face à la Révolution algérienne. A cette fin, elle s’arme des archives gardées secrètes. Après plusieurs décennies, elle les révèle parcimonieusement. Elle transforme cette rapine et cette extorsion, à l’aide de plumitifs à travers ses médias, en des révélations opportunes à sa politique néocoloniale ! Il faut juste rappeler à ses officiels, politiques et historiens que pour ce qui est de la guerre civile, si le harki était un auxiliaire de l’armée coloniale, le vichyste l’était du côté nazi et ne fait nullement de l’héroïque résistance française, contre le nazisme, cet arianisme, une guerre civile.
Le pouvoir français singe l’Eglise catholique romaine qui était maîtresse durant plus de mille ans des archives de l’Antiquité. Elle s’en est servie pour faire croire que la civilisation gréco-romaine est la civilisation supérieure, alors qu’il suffit de voir les œuvres des pharaons pour se rendre compte d’une telle aberration. Faut-il rappeler que Pythagore et Platon étaient des élèves de cette Egypte édificatrice de pyramides et que les trois prophètes étaient tous des Orientaux ?
Les archives ont, certes, leurs importance mais les récits produits au théâtre, au cinéma, dans les romans, etc. seront pour les générations futures des matériaux d’où ils sortiront l’histoire universelle, qui ne peut mentir. Si le pouvoir bourgeois finit par honorer, comme elle le fait aujourd’hui, à titre posthume, quelques résistants et quelques intellectuels, ceux-là mêmes qui ont critiqué son système politique, c’est pour faire oublier les enfumages, les massacres, les viols systématiques des femmes, les génocides de plus d’une tribu comme celle des Zaâtchas, des Ouled Riah.
Toujours fidèle à sa stratégie, celle qu’il hérite des Romains dont la devise a toujours été de diviser pour régner. La Révolution algérienne est niée par tous les pouvoirs qui se sont succédé en France et pour rendre crédible cette négation, Mitterrand défend l’islamisme en 1991 que Chadli a mis officiellement sur la scène politique en légitimant anticonstitutionnellement le FIS. Son ministre des Affaires étrangères, Védrine, reprend ses sornettes, cette semaine, confondant les victimes et les bourreaux de la colonisation.
Les attentats terroristes quelques années après, à Paris, n’en sont qu’une réplique qui découle des mensonges qui aveuglent les plus hautes autorités de ce pays avec qui on a beaucoup de liens, dont le principal demeurera à jamais celui des anticolonialistes français, ces héros algériens.
La France officielle ne veut pas reconnaître que notre peuple, sous la direction du FLN/ALN a vaincu le pouvoir dirigé en dernier par son illustre général de Gaulle, appuyé par l’OTAN. Ce déni est digne de ses crimes. Ne pas reconnaître la victoire des anticolonialistes ne peut que retarder l’écriture de l’histoire commune à l’Afrique et à la France, tout en empoisonnant leurs mémoires.
Cette mithridatisation a un impact direct sur la conscience politique. Un discours est parfois comparable à un médicament, parfois à un poison. On sait tous que les techniques et les substances pour en fabriquer évoluent jusqu’à guérir des maladies qui étaient longtemps incurables. Le discours politique, quant à lui, tient compte du rapport de force entre les classes antagoniques. Il ne prêche pas, il analyse la situation dans laquelle se trouve sa société et montre du doigt l’ennemi, tout en le taxant. Il commence obligatoirement par faire l’historique de l’ennemi pour mieux le faire connaître dans le but de le dénoncer. Quand des leaders politiques ne nomment pas l’ennemi de leur peuple, ils sont loin de pouvoir mobiliser, bien au contraire.
Face au terrorisme, c’est l’armée et les services de sécurités ; face à l’islamisme, c’est la société organisée. Les mouvements populaires offrent l’opportunité pour dénoncer l’islamisme qui ne doit pas être considéré comme un obscurantisme seulement mais comme une politique des plus néfastes, qui s’additionne au racisme, à l’esclavagisme, au colonialisme, au fascisme, au nazisme, à l’arianisme, à l’eugénisme, au sionisme, etc. Les luttes contre ces fléaux ne sont pas de la même nature, évolution oblige. Certes, tous mènent à l’obscurantisme mais pas seulement. Oublier de le préciser mène à la démobilisation.
Le mouvement citoyen doit continuer à damer le pion aux islamistes, ce qui dissuadera tous les antidémocrates et élèvera crescendo notre niveau de conscience.
Les manichéens qui pullulent dans la Toile résument des siècles d’histoire en un tour de main. Il suffit de dire que la même maladie à des périodes différentes, n’a pas le même remède grâce aux découvertes scientifiques. Dans les années 1990, il y avait les mosquées. Dans les années 2020, il y a la Toile. L’obscurantisme, qui sévit aujourd’hui et qui sévissait il y a des siècles, n’est pas face aux mêmes réalités. Confondre le racisme, l’esclavagisme, le colonialisme, le fascisme, le nazisme, l’arianisme… le sionisme et l’islamisme ne permet pas à la société de trouver les moyens adéquats pour combattre efficacement l’ennemi. La preuve est dans le cas de la France lors de la guerre face à l’Allemagne nazie.
Cette puissance coloniale a été à moitié envahie en quelques jours. L’absence de la résistance populaire ne serait-elle pas due à la propagande nazie qui avait fait savoir qu’elle n’en voulait qu’aux juifs et non à tous les Français, sachant que le discours entendu en ces temps était aussi celui de Georges Vacher de Lapouge, militant pour l’eugénisme d’où il tire un arianisme qu’utiliseront les doctrinaires du nazisme que le gouvernement de Vichy appliquera, en collaborant avec l’occupant à l’extermination des juifs de France ? Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur français, Darmanin, justifie l’islamophobie par l’antisémitisme d’alors, alors que les deux relèvent du racisme, dans la République.
Des résistants au nazisme comme les collabos se liguent le jour de la Victoire sur l’Allemagne, le 8 mai 1945, contre les indigènes et massacrent plus de 45 000 Algériens. Quelques années plus tard, ils collaborent à la guerre contre notre lutte de libération. Ce qui est commun au nazisme et au colonialisme était le racisme, marque de toute idéologie inhumaine, celle du système capitaliste.
Les mouvements de jeunes dans le monde arabe ont essuyé un échec parce qu’il a été empêché et il est toujours empêché d’avoir une vision claire sur l’ennemi mortel qui est l’islamisme. Il est heureux de constater qu’un mandat d’arrêt international vient d’être lancé par la justice algérienne contre cinq dirigeants de l’islamisme, qu’elle qualifie, à juste titre, de terroristes dont «un ancien membre du Front islamique (FIS) dissous responsable de milliers de morts durant la décennie noire et qui avait rejoint les groupes terroristes et a été condamné en 1994 à la peine capitale avant de bénéficier des dispositions de la Concorde civile» et qui préparaient une opération visant à «mettre sur pied des plans d’atteinte à l’ordre public, notamment l’exploitation du Hirak».
Si le premier Hirak a sauvé l’Algérie moderne entamée par l’Emir Abdelkader et consolidée par la Révolution du 1er Novembre 1954, le second doit la consolider davantage, jusqu’à rendre la démocratie populaire prépondérante à jamais.
S. K.
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