Sahel : Sabri Boukadoum lance une pique à la France à partir de la capitale espagnole
Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a déclaré à Madrid que les opérations militaires ne suffisaient pas pour lutter contre le terrorisme au Sahel, car elles ne s’attaquent pas aux causes profondes du phénomène, celles liées notamment aux problèmes de développement.
Dans un entretien au journal espagnol El Pais, paru mardi, Boukadoum a déclaré que «le terrorisme est un phénomène transnational. C’est pourquoi seule la coopération internationale fonctionne. Le Sahel est vital pour tous, y compris pour les Espagnols».
Le chef de la diplomatie algérienne a considéré que «les groupes terroristes, quelle que soit leur appellation, Daech, Boko Haram, sont tous pareils». Il y a, selon lui, «une régénération continue du phénomène».
Par conséquent, s’il «faut travailler avec des moyens militaires», il est nécessaire aussi de «comprendre ce qui se passe», a-t-il suggéré, soulignant, à ce titre, l’importance de «traiter sérieusement les problèmes de développement». Car, de son avis, les actions militaires «ne sont pas suffisantes» pour enrayer les activités des groupes terroristes.
Pour étayer ses propos, il a cité l’opération militaire française Barkhane au Sahel dans le cadre de laquelle Paris a déployé 5 100 soldats, et la mission de l’ONU au Mali (Minusma) composée de plus de 15 000 militaires. «Rien de tout cela n’est suffisant», a jugé le ministre, car, a-t-il dit, «celles-ci ne s’attaquent par à la cause profonde du terrorisme».
L’Algérie est devenue un pays de destination pour les migrants
Dans cet entretien au quotidien espagnol, le ministre a évoqué la grande pression que subit l’Algérie en raison de l’immigration clandestine. «En Espagne, en Italie, en France ou en Grèce, ils se plaignent des migrations massives, mais c’est nous qui les recevons avant qu’elles n’atteignent l’Europe.»
«Les Européens se plaignent, mais devons-nous agir comme des policiers pour l’Europe ? Vous voulez une protection, mais qui nous protège ?» s’est-il interrogé. «Un jour, nous dirons : laissez-les sortir, comme certains le font. Mais non (nous le faisons pas) nous travaillons avec l’Espagne, la France, l’Allemagne, le Portugal…», a assuré le ministre, révélant que «l’année dernière à un moment donné, l’Algérie a reçu plus d’un millier d’arrivées par jour».
Concernant le rapatriement des migrants vers leur pays, le ministre a affirmé que «ce sont des retours volontaires organisés en collaboration avec leurs pays d’origine et l’Organisation internationale pour les migrations».
A ce titre, le ministre a indiqué que l’Algérie voudrait travailler avec l’UE, le Mali ou le Niger. «Cette migration doit être stoppée dans les pays d’origine. La création d’emplois les aidera à ne pas vouloir partir», a considéré Boukadoum.
«Ce sera moins cher que, par exemple, mettre des navires en Méditerranée. La Minusma coûte des milliards par an. Des écoles et des centres de santé doivent être construits. Cela coûte moins cher et permet aux gens de rester là où ils sont», a conclu le ministre des Affaires étrangères.
R. N.
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