Le Hirak marque le pas
Contribution de Saâd Hamidi – Le pouvoir s’entête, sort ses griffes, restreint les libertés et ne supporte plus la contradiction. Disons-le tout court, il fonce droit dans le mur, et les élections du 12 juin sont porteuses de risque. Rachad, le monstre hideux, sort de l’ombre et croit que son heure est venue. Le MAK tombe les masques et sort sa haine viscérale de l’Algérie et montre son racisme primaire et abject. Le débat se polarise. Le Hirak dévie de sa trajectoire initiale. Tabbou gaffe et se donne des airs d’un justicier, le vocable de leader politique ne lui sied désormais plus. Les esprits s’échauffent et les passions se déchaînent. Al-Magharibia attise en douceur et avec délectation le brasier de la haine, alors que plusieurs médias à la solde des pouvoirs publics font dans le déni et préfèrent regarder ailleurs.
Un petit rappel s’impose, le peuple est sorti pour changer le système politique basé sur la rapine, le clientélisme et la rente et non pas pour détruire l’Etat algérien et son armée républicaine. Par quelle magie sournoise, sommes-nous passés des slogans «Le pouvoir au peuple» et «Djeich, chaâb khawa khawa» à «Ouled Bigeard» et «DRS terroriste» ? A trop vouloir s’écarter, on risque la déchirure. Il est vrai que plusieurs soubresauts ont eu lieu et qui nous ont fait découvrir la forfaiture, chemin faisant, mais attribuer les errements d’un groupuscule de généraux à la solde d’un chef inculte et despote à toute une institution, c’est malsain, abusif et c’est chercher vainement la brèche pour s’y engouffrer sans aucune décence et retenue.
Peut-on dire que les choses se décantent? Peut-on dire objectivement que la nébuleuse Rachad, le MAK et le noyau dur du système complotent dans une sorte d’alliance tacite pour détruire les valeurs de la société algérienne, son socle et ses espoirs ? Donc, les racistes, les terroristes et les usurpateurs – entendre le noyau dur du système – complotent pour retarder l’émergence d’une nouvelle ère. Goethe disait : mieux vaut une injustice qu’un désordre. Le Hirak est sorti pour combattre fondamentalement une injustice multiforme et viendra le temps où justice sera rendue. Il en advient tout autrement si le pays sombre dans l’anarchie. Les tenants du désordre et du chaos ne veulent pas que le Hirak continue sur sa lancée pacifique et déterminée avec des slogans porteurs de messages positifs, constructifs et orientés vers l’édification d’une Algérie unie, solidaire et plurielle, loin d’un esprit revanchard et éternellement vindicatif. Ils veulent profiter du désordre pour mieux faire passer leurs desseins et leurs plans machiavéliques.
Le MAK sortira bien sûr vainqueur parce qu’une Algérie unie et forte n’est pas dans ses agendas, ni dans ses rêves habités par l’exclusion, le rejet et la haine de l’autre. Rachad sortira vainqueur parce qu’il tentera de laver le sang qu’il a fait couler par ses acolytes et qu’il a cautionné en jetant la responsabilité et l’anathème sur notre vaillante armée et ses différents services. Les usurpateurs, enfin, sortiront vainqueurs, eux aussi, parce qu’ils n’auront pas de compte à rendre au peuple ni à une justice représentative du vrai Hirak et donc d’un Etat fort, à l’image des valeurs authentiques défendues par le Hirak à l’aube du 22 février 2019.
Les usurpateurs sont dans l’état d’esprit de leur auguste représentant Abdelaziz Bouteflika qui, dans une mégalomanie incommensurable, déclara un jour dans une interview à la télévision libanaise : «L’indépendance de l’Algérie n’a pas été gagnée par le peuple. C’est une élite qui l’a arrachée et la lui a offerte.» Hein ! C’est l’élite qui a tout fait et le peuple mineur, à vie, doit être reconnaissant à ses sauveurs et les laisser décider pour lui ! Il me souvient comme un flash resté vivace lors d’une rafle, nous étions parqués comme des bêtes dans le cimetière de notre douar. Du haut de mes quatre ans et mort de fatigue dans la longue nuit, je n’avais qu’une tombe pour oreiller. Je passe sur les affres que nous avions subies dans notre chair. Ce que tout le peuple algérien a vécu.
Maintenant que les choses s’inscrivent dans la longue durée, quelles stratégies adopter pour raviver la flamme. Ce fut le cas lorsque les vrais héros d’hier ont lancé leur fameux appel en commençant par : «La révolution marque le pas…»
De mémoire, je cite une étude compilée par deux chercheures américaines sur les conditions et paramètres de réussite des révolutions sociales à travers le monde. L’étude qui a couvert une période s’étalant sur plusieurs décennies a montré les points communs suivants. Primo : une masse critique de protestataires représentant à peu près 3% de la population générale. Secundo : une continuité et une détermination à toute épreuve. Tertio : le point capital était surtout la préservation de la nature pacifique des revendications. A cet effet, lors des marches, en préservant le caractère pacifique des marches hebdomadaires, il faut, par exemple, répliquer «GIA Irhabia» au «Moukhabarat Irhabia». Il faut porter haut et fort les portraits de Smail Yefsah, Azzedine Medjoubi, Mahfoud Boucebci, Cheb Hasni et autres. Ce sera un clin d’œil pour les amnésiques. A n’en pas douter, le génie du Hirak saura trouver les moyens et méthodes justes pour contrer le détournement des revendications sincères et profondes des citoyens.
Pour le MAK, je n’ai pas l’ombre d’un doute que nos concitoyens kabyles, nos proches parents et amis de la Kabylie et de toute l’Algérie sauront lui trouver la réponse idoine. Il faudra ignorer tout simplement ce mouvement mais en appliquant toute la rigueur de la loi sur ceux qui perturbent l’ordre social. Pour l’histoire risible des cartes d’identité et passeports kabyles, l’Etat saura trouver les moyens pour ester en justice ceux qui sont à l’origine de ce faux, usage de faux de documents officiels.
Les usurpateurs et leurs courtisans qui ont clochardisé notre pays sentent l’étau se resserrer contre eux. Ils seront traqués et poursuivis partout en Algérie et à l’étranger et il ne faudra rater aucune occasion pour leur renvoyer la grandeur et la mansuétude du peuple algérien. Ce peuple souverain qui saura bâtir un Etat de droit, juste et prospère pour tous ses enfants. Il saura aussi se délester des débats idéologiques toxiques et leur désigner la place qui est la leur, à savoir les campus universitaires, temples de la saine confrontation, de l’exigence, de la rigueur, du sérieux et de la connaissance scientifique.
Résumons-nous : le cri de révolte du Hirak hier et aujourd’hui, c’est, selon nous, une prise de conscience qui surgit des profondeurs de notre âme et de notre être pour dire non à ceux qui ont confisqué la Révolution, donc le pouvoir, qu’il n’y a qu’un seul héros et c’est le peuple. A ceux qui ont confisqué l’islam, on leur dira que la religion c’est de vivre une foi intense dans une relation directe et intime avec Dieu. A ceux qui ont confisqué la culture, on leur dira que la nature véritable de l’identité humaine, c’est une quête spirituelle permanente dans le seul but d’habiter pleinement sa vie. La culture est ouverture vers l’autre et non un repli sur soi maladif et victimaire.
S. H.
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