La justice suisse se saisit du dossier de l’escroc Ghani Mahdi et ses complices
Par Kamel M. – Le ministère public de la Confédération [helvétique] s’est saisi de l’affaire de l’escroc Ghani Mahdi suite à une plainte déposée à son encontre par le journaliste algérien exilé en Grande-Bretagne Saïd Bensedira. Ce dernier a affirmé avoir reçu une convocation dans ce sens de la Police judiciaire fédérale, en précisant qu’il se rendrait à Genève dès que possible.
Une plainte a été déposée auprès du procureur fédéral suisse, début avril, contre le dénommé Ghani Mahdi et ses acolytes de Rachad pour extorsion de fonds et blanchiment d’argent, entre autres. La plainte a été déposée par Saïd Bensedira, qui avait expliqué sa démarche par la gravité des faits dont il a été informé et des pièces à conviction qui lui sont parvenues. Des faits «constitutifs d’abus de confiance, d’escroquerie en bande organisée, d’infraction sur les transferts financiers illicites et fraude fiscale».
Le plaignant avait précisé que la plainte était au préjudice de Mahdi Fateh résidant à Sion, en Suisse, Fateh étant le véritable nom de Ghani Mahdi. Un subterfuge, expliquait Bensedira, dont se servent les responsables de Rachad pour échapper au fisc et à toute poursuite en cas de découverte de leur trafic. Dans sa requête adressée à la justice helvétique, Saïd Bensedira expose les motifs liés à un détournement de fonds destinés à des Algériens. Il explique qu’en Europe, en Suisse, en France et en Angleterre «Fateh Mahdi, alias Ghani Mahdi […] a ramassé plus de 760 000 euros par le circuit PayPal au cours de l’année 2020, à l’abri des regards des institutions suisses compétentes». Selon lui, «seuls 30 000 euros ont été transférés par le circuit PayPal en Algérie, mais sans la moindre traçabilité bancaire».
En mars dernier, le lanceur d’alerte algérien installé à Montréal Rafaa avait divulgué de graves secrets que lui a révélés un ancien proche du chef de file de Rachad à Londres, Larbi Zitout, sur la gestion de l’argent qui circule en centaines de milliers d’euros chez cette organisation. «Des gens qui étaient très proches de Zitout et qui s’en sont démarqués ont pris attache avec moi et m’ont envoyé des enregistrements, des documents, des relevés bancaires et des échanges de courriers électroniques qui révèlent l’étendue du trafic», avait-il révélé. Il s’agit d’un détournement des cotisations via PayPal qui transitent par plusieurs pays – Canada, Grande-Bretagne, Suisse, France et Koweït – avant d’atterrir en Algérie. Seule une partie de cet argent est redistribuée, avait-il fait savoir, en ajoutant que Ghani Mahdi et ses complices «traitent avec des correspondants en Algérie et personne ne sait où va cet argent», que «les responsables du réseau sont tous identifiés» et que «les preuves contre eux sont accablantes».
Les révélations font état d’une association caritative écran dénommée Tahadi, présidée par Ghani Mahdi, et dont les correspondants en Algérie se sont retournés contre lui et ont dénoncé ses frasques. «Les enregistrements vidéo existent sur les réseaux sociaux», avait assuré l’influenceur, qui expliquait que ces derniers «lui ont exigé des comptes et il refuse de répondre à leurs sollicitations». «Celui qui gérait les aspects techniques revendique 72 000 euros que Ghani Mahdi refuse de lui remettre, il détient tous les emails», a-t-il précisé, en indiquant que «même les comptes bancaires de l’épouse de Ghani Mahdi seront dévoilés».
Rafaa avait étayé ses accusations par un échange téléphonique entre Ghani Mahdi et son technicien dans lequel on entend ce dernier dire : «Monsieur Salim, Si Amine est en train de fuiter des informations qui me concernent, des transactions que j’ai effectuées via PayPal pour payer les hommes d’affaires qui nous ont aidés dans le cadre de Tahadi. Ces gens-là vont risquer leur vie en Algérie. Ces informations me concernent personnellement et concernent Tahadi et le seul qui y a accès, c’est toi. Si jamais il arrive quoi que ce soit à ces gens, tu en porteras l’entière responsabilité devant la justice au Canada, en Grande-Bretagne et en Algérie.» Une mise en garde suivie d’une menace à peine voilée : «Continue de fuiter ces informations et tu verras !»
Ghani Mahdi rejoindra-t-il Aboud Hicham et Amar Saïdani au Maroc pour échapper à la justice suisse ?
K. M.
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