Les policiers se rebiffent et rejoignent les soldats en colère : où va la France ?
Par Mohamed K. – Les policiers français ont décidé d’organiser une grande manifestation, le 19 mai prochain, dans le sillage de l’assassinat d’un des leurs à Avignon. Cette action des agents de l’ordre intervient au lendemain d’une seconde tribune signée par des milliers de soldats en soutien à une première dont certains des initiateurs, de hauts gradés de l’armée, ont été sanctionnés.
Ces actions ont lieu à quelques mois de l’élection présidentielle dans laquelle la cheffe de file du Rassemblement national part favorite au regard de la situation délétère qui prévaut dans le pays. Dans leur tribune parue dans Valeurs Actuelles et lue par près de deux millions de Français – un record absolu –, les officiers auteurs du texte s’en prennent directement aux responsables politiques et à l’état-major des armées auxquels ils rappellent que leurs «aînés» sont des «combattants qui ont mérité qu’on les respecte». «Ce sont, par exemple, les vieux soldats dont vous avez piétiné l’honneur ces dernières semaines. Ce sont ces milliers de serviteurs de la France, signataires d’une tribune de simple bon sens, des soldats qui ont donné leurs plus belles années pour défendre notre liberté, obéissant à vos ordres, pour faire vos guerres ou mettre en œuvre vos restrictions budgétaires, que vous avez salis alors que le peuple de France les soutenait.»
Le ton est donné : «Pour faire vos guerres», écrivent-ils, en dénonçant ouvertement le choix des politiques français d’envoyer des soldats se faire tuer hors des frontières, en Afghanistan, au Sahel et ailleurs. «Dans ces conditions, décrètent-ils sur un ton martial, c’est à nous, qui sommes récemment entrés dans la carrière, d’entrer dans l’arène pour avoir simplement l’honneur d’y dire la vérité» car, expliquent-ils, «si nous ne pouvons pas, réglementairement, nous exprimer à visage découvert, il nous est tout aussi impossible de nous taire.»
Ces militaires fustigent ce qu’ils considèrent être des «concessions» faites aux islamistes alors qu’eux «ont offert leur peau pour [le] détruire». Une réalité qu’il est malaisé de démentir tant le Parti socialiste, sous la conduite de François Mitterrand, au début des années 1990, a ouvert les portes toutes grandes devant les hordes intégristes qui fuyaient l’Algérie après y avoir semé le chaos et l’avoir mise à feu et à sang. Ce sont ces islamistes-là, couvés par une certaine classe politique, certains médias et certains individus, qui, trente ans plus tard, ont conduit aux «tentatives d’instrumentalisation de communautés religieuses, pour qui la France ne signifie rien qu’un objet de sarcasmes, de mépris, voire de haine».
«Oui, nos aînés ont raison sur le fond de leur texte, dans sa totalité. Nous voyons la violence dans nos villes et villages. Nous voyons le communautarisme s’installer dans l’espace public, dans le débat public. Nous voyons la haine de la France et de son histoire devenir la norme», crient ces militaires dont il apparaît clairement qu’ils donneront leurs voix à Marine Le Pen en 2022, d’autant qu’ils laissent entendre que le pouvoir politique actuel, qualifié de «lâche», de «fourbe» et de «pervers», ne «reconnaît pas l’évidence» de leurs «constats», tout en affirmant qu’ils ne cherchent pas une guerre civile, bien que celle-ci «couve en France».
M. K.
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