Accord entre Chems-Eddine Hafiz et la Licra : Abdallah Zekri crève l’abcès
Par Abdelkader S. – Le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie s’est dit choqué par l’accord passé entre le recteur de la Grande Mosquée de Paris et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), une organisation pro-sioniste. Intervenant sur la radio France Maghreb2, Abdallah Zekri a affirmé qu’il a «sursauté» à l’annonce de ce partenariat. «Non que j’aie des problèmes avec la Licra, mais parce que ce n’est pas son rôle», a-t-il expliqué.
«Il existe un Observatoire de lutte contre l’islamophobie pour lequel il y a une convention-cadre qui a été signée en 2011 par Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur de l’époque, et Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM)», a souligné le délégué général de cette instance, en ajoutant qu’il a été tout aussi scandalisé par le double langage de Chems-Eddine Hafiz qui a déclaré, il y a à peu près un mois, qu’il n’y avait pas d’islamophobie, en réponse à la question d’un journaliste de RTL. «Quand j’avais déclaré qu’il régnait un climat de haine contre l’islam et les musulmans, Maître Hafiz avait considéré que c’était de l’exagération, en soutenant qu’il n’y a pas mort d’homme. Je devais donc comprendre qu’il attend que des musulmans soient assassinés pour qu’il réagisse», a soutenu Abdallah Zekri, en mettant en avant le discours contradictoire contenu dans la déclaration couronnant l’accord entre la Grande Mosquée de Paris et la Licra.
«Après avoir tenu ces propos, il écrit dans la déclaration commune avec la Licra que le racisme antimusulman est de plus en plus prégnant et se manifeste visiblement dans la société. D’une part, sur les réseaux sociaux, la violence inouïe alimente la haine en-ligne qui, elle-même, entretient un terreau fertile aboutissant à une violence physique directement observable dans l’espace public – les attaques fréquentes des lieux de culte musulmans, etc.», s’est étonné le président de la mosquée de la Paix à Nîmes, dans le sud-ouest de la France. «Quand c’est moi qui donne les chiffres, il rétorque que c’est de l’exagération, et quand la Licra dénonce les attaques antimusulmanes, il applaudit et acquiesce», s’est-il indigné, en estimant que «la Licra et Hafiz sont un peu comme l’ancien ministre de l’Intérieur qui n’a jamais voulu prononcer le mot islamophobie».
«Si je réagis contre les propos de Hafiz, c’est parce que, pendant le mois de Ramadhan, trois mosquées ont été attaquées, à Nantes, à Reims et à Rennes. J’avais dit que ces attaques répétées étaient imputables à la banalisation des critiques acerbes contre la religion musulmane et aux discours haineux distillés du matin au soir à travers les chaînes d’information en continu», a renchéri Zekri, qui se dit «franchement écœuré» d’«entendre quelqu’un qui se dit responsable du culte musulman tenir de tels propos après le nombre incalculable d’actes antimusulmans recensés à travers toute la France». «Franchement, on marche sur la tête», a-t-il dit. «Les musulmans sont outrés», a-t-il encore fait savoir, en révélant qu’une organisation considérée comme terroriste par plusieurs pays arabes – l’OIF, satellite des Frères musulmans – «se cache derrière le burnous de la Mosquée de Paris pour avoir un certificat de virginité». «L’OIF impose son agenda», a-t-il dénoncé.
Se disant pour «l’union» et pour «l’unité des musulmans», Abdallah Zekri a affirmé qu’il n’était pas le seul à être dubitatif quant au comportement du recteur dont l’élection à la tête de ce lieu de culte inauguré au milieu des années 1920 et appartenant à l’Etat algérien est contestée. «Nous sommes plusieurs membres des fédérations de la Grande Mosquée de Paris à nous poser des questions. Il n’est pas normal que nous apprenions que le président de la fédération se retire du CFCM par un communiqué sans que nous soyons consultés au préalable», s’est-insurgé, en ne cachant pas que «beaucoup regrettent Dalil Boubakeur qui n’aurait jamais franchi la ligne rouge».
A. S.
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